Je vous explique. Je ne suis pas à proprement parler un être humain. Je ne suis ni un métamorphe, ni un vampire et encore moins un alien. Je suis bien plus que cela. Je suis au-dessus de tout. Je suis l'un de ceux qui détiennent votre vie entre mes mains. Je ne suis rien de moins qu'un Dieu. Oui, vous m'avez parfaitement compris. Je suis un Dieu. Un de ceux qui ont vu naître le monde et qui l'ont façonné d'une certaine façon.
Oh non, n'ayez pas peur. Je ne suis qu'un Dieu inoffensif. Je n'ai pas vraiment de pouvoir pour faire quoi que ce soit. Bien que je pourrais le faire si l'envie m'en prenait. Je vous donne un indice en ce qui me concerne. Vous l'êtes souvent. Non, vous ne voyez toujours pas ? Pourquoi l'indice est très facile, car en ce moment même c'est moi qui le ressens. Et je le ressens beaucoup.
Voilà, ça y est. Vous êtes. Vous m'avez reconnu. Je suis la colère. Plus précisément, je suis le Dieu de la colère. Eh oui, je suis l'un des Dieux responsable des sept péchés capitaux. C'est moi qui vous donne ce sentiment quand on vous fait une saloperie. C'est moi qui suis là quand quelqu'un vous blesse et que vous ressentez cet élan dans vos veines. C'est encore moi qui vous fais exploser de rage. Et je peux vous dire que j'aime cela. C'est toujours un régal de vous manipuler. D'avoir entre mes jolies mains l'un de vos sentiments.
Je regardais donc pour la centième fois l'horloge en marbre qui se trouvait devant moi. Deux heures et demie. Deux heures et demie de retard, et la colère qui me sers pour vous, commence flamber dans mes veines. Il le savait que j'avais horreur des retards. Oui, je sais je suis un Dieu, donc... je pouvais faire se que je voulais. Mais pas avec lui. Je ne pouvais pas en ce qui concernait Max.
Eh oui, le comble pour un Dieu c'est d'être tombé amoureux d'un être humain. Allez-y rigoler. Mais il n'y a rien de drôle là-dedans. Bien au contraire. C'était très difficile. Je devais d'une certaine façon faire mon maximum pour me cacher des autres Dieux. Pour éviter qu'il ne s'en prenne à Max. Et d'ailleurs, il devait lui aussi faire attention. Nos vies et notre amour étaient sur le fil du rasoir.
Je me tournais soudain en entendant une porte s'ouvrir dans mon dos. Le soulagement se dessina sur les traits de mon visage quand je vis Max entrer à l'intérieur. J'étais si heureux de le voir là.
— Chéri, dis-je en m'approchant de lui.
Mais je venais à peine de faire mon quatrième pas que je le vis lever la main pour me stopper. Je m'arrêtais et je fronçais les sourcils. Puis je regardais les traits de son visage. Quelque chose n'allait pas. Je ne savais pas quoi, mais quelque chose l'avait perturber et cela ne me plaisait guère.
— Max ?
-- Reste où tu es, Vincent. S'il te plait n'avance pas d'un pas l'entendis-je me dire d'une voix tremblante.
Je me mis à trembler de tous mes membres. Décidément, je n'aimais pas la tournure de ce tête-à-tête entre lui et moi. Vraiment pas.
— Que ce passe-t-il ? Ai-je fait quelque chose de mal ? lui demandais-je en essayant d'avancer d'un pas alors qu'il reculait de deux.
— Je viens de te dire de ne pas avancer. Quand vas-tu m'écouter ?
Je me figeais sur place. C'était la première fois qu'il employait ce ton avec moi. Jusqu'à maintenant, il n'avait été que douceur et bonheur.
— D'accord, d'accord, dis-je en levant les mains devant en signe d'apaisement.
Je le vis soupirer et cela me fendit le cœur. Le voir éprouver du soulagement alors que je ne le touchais pas venait de décocher une flèche qui me transperçait la poitrine.
— C'est terminer entre nous, Vincent. Je ne viendrais plus ici et je te demande de ne plus chercher à me revoir.
Puis avant que je ne puisse dire quelque chose, il s’était détourné et quittait la chambre que je réservais quand je venais le voir.
Je venais de me rendre compte que je venais de la perdre et je ne savais pas pourquoi.
***
J'errais dans les limbes de mon monde à essayer de savoir ce qui avait pu se passer dans la tête de Max. Mais ce qui me perturbais le plus, était la colère qui s’était dégagée de lui. Je n'avais pas le souvenir de lui avoir insufflé ce sentiment. Quelque chose se passait et j'aimerais bien savoir qui en était le responsable.
Je me concentrais sur tout ce qui s’était passé entre lui et moi pendant la semaine que nous avions passé ensemble. Rien dans son attitude ne m'avait mis la puce à l'oreille. Il avait toujours le comportement que je lui connaissais quand il savait que je venais le voir et que nous allions passer une semaine ensemble. Je venais à me demander si mon péché n'était tout simplement pas en train de fuir des pores de ma peau.
Comment Max avait-il pu me faire cela. Je ne comprenais pas. Je ne comprenais plus. Notre vie était pourtant géniale jusqu'à maintenant. D'accord, nous étions peut-être obligés de nous cacher, mais cela ne nous avait jamais gênés. Oh bon sang ! C'était peut-être cela. Il en avait peut-être marre de vivre caché. Il voulait peut-être vivre notre relation au grand jour. Pouvoir nous aimer comme tout couple. J'allais me rendre sur la terrasse quand la porte s'ouvrit de nouveau dans mon dos. Je me tournais et soupirais en voyant la personne qui venait de pénétrer dans mes quartiers.
— Que viens-tu faire ici, Bastien ? demandais-je avec colère.
— Oh oh... mon cœur serait-il de mauvaise humeur ? me dit-il en s'approchant de moi avec un roulement sensuel du bassin.
— Combien de fois va-t-il falloir que je te dise que je ne suis en aucun cas ton cœur ? Tu ne m'intéresses absolument pas.
Il éclata de rire et je du serrer les poings pour éviter de lui en mettre une. De quel droit se permettait-il de m'appeler ainsi ? Ce n'était pas parce que lui et moi avions partagé une brûlante étreinte deux siècles plus tôt qu'il pouvait encore se permettre de m'affubler de ce petit surnom qui m’irisait les poils. Poils que je n'ai pas soit dit en passant.
— Voyons. Crois-tu sérieusement que je ne suis pas au courant pour ton aventure avec cet humain ? Je sais tout, Vincent. Surtout en ce qui te concerne.
Je lui jetais un coup d'oeil furieux. Il n'avait pas le droit de connaître l'existence de Max. S'il était au courant, il aurait pu faire tout et n'importe quoi pour que Max finisse par... attendez ! Attendez ! Attendez ! Max qui rompait avec moi et Bastien qui débarquer une semaine plus tard en m'affublant encore du surnom d'autrefois.
— Qu'as-tu fait, Bastien ? dis-je hargneusement.
— Je n'ai fait que ce que j'estimais être en droit de faire. Tu n'as toujours pas compris que tu m'appartenais, Vincent ? Il serait peut-être temps que tu t'en rendes compte depuis la dernière fois que nous avions fait l'amour ensemble.
J'explosais littéralement de colère. Voilà, je venais de me faire prendre par mon propre vice.
— De quel droit ? Tu n'avais aucun droit d'aller rendre visite à Max. Tu n'as pas allé le trouver et lui dire je ne sais quels mensonges pour parvenir à tes fins.
— Il a été si facile à corrompre.
Je m'approchais de Bastien en levant le poing. Mais à peine venais-je de faire se geste et d'envoyer mon poing en avant qu'il l'arrêtât d'une seule main. Sa paume était brûlante contre la mienne. J'avais l'impression qu'elle était en train de répondre à la propre brûlure de la mienne. C'était bizarre. C'était... comme un aperçu. C'était comme-ci lui et moi étions vraiment fait l'un pour l'autre.
Je levais les yeux vers lui et écarquillais les yeux de surprise en voyant les traits de son visage. Ce n'était pas possible. C'était complètement impossible. Il ne pouvait pas...
— Tu...
— Ça fait deux siècles que je te cours après. Deux siècles que j'essaie de te faire comprendre que toi et moi nous sommes font l'un pour l'autre. Il te faut quoi pour le comprendre.
Je ne sus quoi répondre. J'étais complètement... puis soudain une nouvelle flambée de colère explosa dans mes veines. Une colère comme je n'en avais jamais ressenti jusqu'à maintenant.
Je n'en revenais pas qu'il m'avait trompé pendant ses longs mois. Comment avait-il pu se faire passer pour Max alors qu'il savais les sentiments que je nourrissais pour lui dans son enveloppe humaine.
Je retirais ma main de la sienne et m'écarta de lui de plusieurs pas. Je le vis surpris par mon geste, mais en ce moment même, je ne voulais plus le voir. J'étais cruellement blessé au plus profond de ma chair et de mon âme.
— Je veux que tu sortes, Bastien. Quitte ces limbes et soit hors de ma vue.
— Vincent, s'il te plait...
— Garde tes excuses pour toi.
— Vincent...
— DEHORS, criais-je quand je sentis que j'étais vraiment deux doigts d'exploser.
Je le vis sursauter sous mes paroles et son regard se voila de quelque chose qui ressemblait étrangement à de la peine. Oui, mes mots venaient visiblement de le blesser. Mais pour le moment j'étais trop en rage contre lui pour lui dire quoi que se soit d'autre.
***
Les jours qui suivirent la révélation de Bastien n'avaient pas apaisé la colère qui bouillonnait encore dans mes veines. Je distillais la colère un peu partout à travers le monde, et le goûter dans ma propre essence me rendait encore plus enrager. D'ailleurs, j'avais envoyé paitre toutes les personnes qui avaient chercher à me remonter le moral. Je n'avais pas besoin de leur aide. Il fallait juste que je digère ce que Bastien m'avait révélé.
Je tournais en rond pour la je ne sais plus combientième fois, quand les portes s'ouvrirent brutalement. Allant violemment claquez contre les murs derrière elles. Je me retournais et sentis mon corps commencer à trembler en voyant mon ex-amant sur le seuil de la porte. Dans toute la gloire de sa beauté et de sa divinité.
Puis je le vis entrer et s'avancer vers moi. La colère déformait les traits de son visage et je ne m'étais pas rendu compte que je fuitais sur lui. Je reculais en le voyant franchir la distance qui nous séparait. J'étais dans la merde. Une merde totale. Car à se moment là, je ne savais pas à quelle sauce j'allais être manger.
— Bastien, je t'ai dit que je ne voulais...
Mais mes paroles moururent sous ses lèvres qui venaient de prendre les miennes pour un baiser que j'étais sûr de ne jamais oublier.
Il était violent.
Il était dévastateur.
Il était tout simplement lui.
Un ouragan que j'étais incapable d'arrêter. Une tornade qui avait pénétré dans ma vie et mon coeur, les ravageant au point de tout mettre sens dessus dessous.
Il était la vie.
Il était l'amour.
Il était tout cela pour moi. Et bien plus encore.
Je me rendais compte à cet instant alors que mes bras s'enroulaient autour de son cou, que c'était tout ce que je voulais de lui. Je voulais vivre ma vie avec lui. Peut- importe se que les autres Dieux diront.
Il était lui.
J'étais moi.
Nous étions nous.
Nous étions deux personnes qui n'en formaient plus qu'une. J'avais mis deux siècles pour me rendre compte que nous étions destinés l'un à l'autre. Mais je n'avais mis que six mois pour tomber amoureux de lui alors qu'il avait pris cette enveloppe humaine.
— Bastien... murmurais-je contre ses lèvres.
— Chut, mon amour. Nous avons tout notre temps pour parler. Profitons du moment présent.
Oui, nous avions toute l'éternité pour parle. Pour nous retrouver.
Et malgré la colère qui me rongeait encore de l'intérieur, je nouais mes jambes autour de sa taille et le laissait traverser la chambre pour me coucher sur le lit.
Je savais qu'au plus fort de notre étreinte, je serais encore plus en colère de l'avoir une nouvelle fois laisser pénétré mon coeur pour s'y installer.