Ce matin là, je me réveillais seul dans mon lit. Mon petit ami, enfin si on appelait ça petit ami puisque nous ne vivions pas ensemble, depuis six mois venait une fois de plus de prendre la poudre d'escampette pour ne pas affronter mon regard. C'était toujours comme ça avec Mathias. Il venait me rejoindre à la nuit tombée. Nous faisions l'amour comme-ci c'était le dernier jour et il partait avant mon réveille.
Je me levais et allais prendre une douche rapide pour enlever la sueur et le sperme qui collait à ma peau comme à chacun de nos ébats passionner. Lorsque je ressortis, je nouais une serviette autour de ma taille et descendais à la cuisine pour me préparer mon café quotidien.
Alors que celui-ci coulait doucement, embaumant la cuisine de sa riche odeur, je triais mon courrier. Bon sang… cela faisait bien longtemps que je ne l'avais pas regardé. Je fronçais soudainement les sourcils quand une lettre blanche attira mon attention. Puis soudain, je me figeais en reconnaissant l'écriture.
Kane.
C'était l'écriture de Kane sur l'enveloppe. Je me dépêchais de prendre un couteau afin de l'ouvrir à toute hâte. Je n'avais pas eu de ses nouvelles depuis tellement longtemps. Il fallait que je sache ce qu'il était devenu. Il le fallait. Après tout, il était l'homme que j'aimais.
Je fus d'ailleurs surprise en voyant la date. Elle datait de trois mois plus tôt. J'avais pensé que Mathias m'avait apporté tout mon courrier au cours de ses longs mois. Mais il fallait croire qu'il avait oublié de me donner celle-ci.
Enfin, je n'allais pas le lui reprocher. Il faisait déjà bien assez de choses pour moi. Je n'allais certainement pas lui crier dessus parce qu'il avait oublié de me donner une lettre provenant de Kane. Surtout qu'il ne savait pas qui il était. Je le lui avais caché mon passé.
"Montpellier, le 14 mai 2012
Mon très cher David,
Si tu es en train de lire ces lignes, c'est parce que je ne suis plus là pour te les dire. Que quelque chose est arrivé.
Pendant près de 20 ans, tu as été mon meilleur ami. Mon seul ami en faite. Tu as toujours été présent lors de mes moments les plus violents de ma vie. Tu as connu le pire comme le meilleur de moi. Et crois-moi que je n'ai jamais voulu te montrer la pire image de moi. Pourtant, quand tu m'as vu faire ma première crise, la première chose que tu as faite, c'est de me prendre dans tes bras et de lentement caresser mes cheveux pour m'apaiser. Tu as lentement parlé à mon oreille jusqu'à se que les tremblements s'arrêtent. Et pas instant tu n'as eu peur.
Mais je ne suis pas là pour te rappeler le passé. Si je t'écris cette lettre, c'est parce que je dois t'avouer quelque chose. Je dois t'avouer quelque chose qui me ronge depuis toutes ses années et qui me tue à petit feu un peu plus chaque jour. Je me dois de te dire cela. De dire cela à mon meilleur ami. De te dire pourquoi j'ai épousé Jennifer et pourquoi je suis parti loin de toi.
Tu te rappelles ce jour-là. Lorsque nous avions 14 ans. Ce jour où nous avons décidé de savoir ce que cela faisait de faire l'amour avec une personne du même sexe que soit. Bien sûr que tu t'en rappelles. Tu as toujours eu une excellente mémoire contrairement à moi. D'ailleurs, tu t'amusais souvent en me disant que j'étais tête en l'air. Que j'oubliais souvent se qui nous faisions ou se que nous devions faire. Alors, oui, tu ne peux que te souvenir de ce jour-là, puisque c'était la première fois que toi et moi faisions l'amour. Ensemble. Et bien je dois te dire que je t'ai menti cette nuit. Je t'ai menti, à toi la seule personne qui représentait tout pour moi. La seule personne qui était, je dois bien l'avouer aujourd'hui était mon monde. J'ai aimé notre nuit, David. J'ai aimé te faire l'amour et j'ai aimé quand tu m'as fait l'amour. Cette nuit était la plus belle, la plus fabuleuse de toute ma vie. J'ai cru que je venais d'atteindre les portes du Paradis quand tu t'es glissé en moi.
Je vois déjà ton visage alors que tu lis cette confession. Je vois cette petite ride qui te barre le front. J'entends même les rouages de ton cerveau se mettre en marche et se demander pourquoi je te dis cela maintenant. Mais j'y arrive, mon amour. J'y arrive. Tu notes bien que je viens de t'appeler mon amour.
Je t'ai repoussé ce matin-là, quand j'ai pris conscience de ce que nous avions fait au cours de la nuit. Tu n'es pas sans savoir que j'ai des parents très croyants. J'ai été élevé dans la croyance. Qu'un homme n'était fait que pour être avec une femme. Et qu'une femme n'était faite que pour être avec un homme. Je ne voulais pas l'admettre. Je ne voulais pas admettre que j'étais amoureux de mon meilleur ami. Ma famille n'aurait pas accepté cela. Elle ne t'aimait déjà pas, je ne voulais pas qu'elle ait une autre raison. Elle te voyait comme la perversion que tu étais. Sais-tu qu'à chaque fois que tu repartais de la maison, mais mère désinfectait tout ce que tu avais touché ? Je ne crois pas te l'avoir dit. Et bien c'est ce qu'elle faisait. Mes parents allaient même jusqu'à prier pour enlever l'aura du diable qui était entré dans leur maison. Ils te considéraient vraiment comme le diable alors que tu n'étais rien d'autre que l'ange qui apaisait mon corps et mon cœur en feu. Je sais que je te fais souffrir en te révélant ces mots alors que tu lis cette lettre, mais sache que ce n'ai pas mon intention.
Bien au contraire. Je veux que tu saches absolument tout. Je ne veux plus de barrière et encore moins de mensonge entre nous. Tout ça nous a déjà assez séparés. Oh crois-moi, j'aurais aimé te dire tous ses mots devant toi. J'aurais aimé être en chair et en os devant toi pour tout t'avouer. Mais hélas, ce n'est pas le cas.
Après cette nuit, même si mes mots ont étaient cruels, même si j'avais dû m'éloigner de toi je suis resté à tes côtés. Je ne pouvais pas te laisser seule. Je ne pouvais pas t'ignorer comme beaucoup le faisait. Tu étais mon meilleur ami, on ne lâche pas son meilleur ami. Alors j'ai continué de sortir avec des filles pour me laver pour ainsi dire des étreintes que nous avions partagées au cours de cette unique nuit. Je sais que je t'ai fait énormément de mal à m'afficher avec toutes ses filles. À jouer le parfait petit hétéro que mes parents voulaient que je sois. J'ai surpris tes regards de tristesse. Je sais que tu t'efforçais de sourire quand tu me voyais arriver avec une énième fille au bras. Que tu faisais semblant de rire avec nous pour cacher ta douleur et ta rancœur.
Jusqu'à nos 21 ans quand j'ai rencontré Jennifer.
Tu sais, elle était tout ce que tu n'étais pas. Elle n'avait pas ton sourire. Elle n'avait pas ton regard. Elle n'avait pas tes mains ni ton corps. Elle n'avait rien de toi et c'était tout ce que je recherchais pour t'oublier. Pour oublier cet amour qui me détruisait de l'intérieur. Qui me brûlait les entrailles et m'incendiait les veines. Je l'ai épousé, car elle et moi avions cru qu'elle était enceinte et nous avons déménagé pour qu'elle soit plus proche de ses parents pour l'arrivée de cet enfant. Comme tu t'en doutes, l'enfant n'a jamais vu le jour, car c'était un faux positif. La prise de sang à démenti.
À ce moment-là, je ne sais pas pourquoi, mais j'ai ressenti une grande déception. Je m'étais d'une certaine façon attaché à cet enfant qui n'en était pas vraiment un. J'aurais eu une autre personne à m'occuper et surtout cet enfant m'aurait encore plus éloigné de toi.
Je sais que nous aurions pu retourner à Paris. C'était prévu d'ailleurs. Mais à la dernière minute, j'ai dit non. Que nous resterions sur Montpellier. Parce que remonter sur Paris aurait voulu dire te revoir. Revoir ton sourire. Revoir ton regard. Te revoir tous court et ne pas pouvoir te toucher comme je le voulais. Ne pas pouvoir me glisser dans ton lit et te faire l'amour jusqu'à ne plus me souvenir de qui je suis... Jusqu'à oublier mon existence et tout se qui n'était pas toi. Et je ne pouvais pas."
»À se moment je pleurais tellement devant cette confession que je du stopper ma lecture et m'essuyer les yeux d'un revers de ma main. J'ai ignoré tout cela. Je ne savais pas qu'il m'aimait. Il avait donc si bien cacher ses sentiments. Et je m'en voulais ne n'avoir rien vu. De ne pas m'être rendu compte qu'il était amoureux de moi. Je m'en voulais tellement, que j'aurais aimé m'arracher la peau. Hurler. Que de temps perdu !
Je repris donc la lecture de sa lettre.»
"... Je voulais tout avec toi, David. Je voulais absolument tout et j'ai tout foiré. Comme à mon habitude. J'espère que tu ne m'en veux pas de ne t'avoir rien dit. Je le voulais, mais j'ai été lâche. Alors j'ai fait la seule chose que je savais réussir. J'ai pris les clés de ma voiture et je suis parti rouler dans cette nuit d'hiver. Je savais au fond de mon cœur que je ne rentrerais pas vivant auprès de Jennifer. Elle avait dû s'en douter le soir même au cours du repas. Car elle ne m'a pas dit "bonne nuit". Elle ma dit "adieu" avant de monter dans la chambre que je ne partageais plus avec elle depuis plus de deux ans.
Oui, notre couple a explosé lorsqu'une nuit, alors que je lui faisais l'amour j'ai crié ton prénom en plein orgasme. Quand j'ai vu l'horreur se peindre sur les traits de son visage, j'ai compris qu'elle et moi c'était fini. Que je venais, après dix ans de mariage de révéler de qui j'étais vraiment amoureux.
J'ai fait des tests David. J'ai fait tout un tas de tests et je savais que j'étais compatible avec toi. Je savais que tu étais hospitalisé et que tu attendais une greffe pour toi. Maintenant, c'est mon cœur qui bat dans ta poitrine. Je t'ai donné la chose que j'ai toujours voulu te donner et maintenant, je serais en toi jusqu'à ce que tu viennes me rejoindre.
Je vais t'attendre, David. Je vais t'attendre. Je serais là quand tu franchiras les portes que j'ai entrevues lorsque tu me faisais l'amour cette nuit-là.
Fais ta vie. Aime un autre homme. Donne-lui tout ce que je voulais te donner et que je n'ai pas su t'offrir. Fais-le.
Pour moi.
Je t'aime mon amour. Je t'aime et je t'attendrais. Parce que cette fois, nous aurons toute l'éternité pour nous aimer.
J'aurais l'éternité pour t'aimer.
Kane."
Je regardais la feuille trembler et je me rendis compte que c'était moi qui tremblais. Je n'arrivais pas à crois ce que j'étais en train de lire. Ce n'était pas possible. Il s’était sacrifié pour me donner son cœur. Je ne pouvais pas y croire. C'était impossible.
Je sentis soudain une main glisser lentement en travers de mon torse et je fus plaqué contre un torse puissant avant que des jambes ne viennent ceinturer ma taille. Je savais qui c'était. Mathias était de retour. Je venais à me demander s'il ne voulait pas me laisser seul pour affronter cette lecture.
— Tu étais au courant n'est-ce pas ? demandais-je des sanglots dans la voix.
— Oui. J'étais au courant. Kane m'a également envoyé une lettre. Je ne l'ai reçu que le mois dernier. Il m'informait de ce qu'il avait fait et m'a demandé de veiller sur toi. D'être toujours auprès de toi.
Je me laissais aller dans l'étreinte qu'il m'offrait. Je me rendais compte que j'avais besoin de lui pour affronter la nouvelle que je venais d'apprendre. Je sais qu'il allait me falloir du temps pour digérer cette annonce. Que je me fasse à l'idée que le cœur de Kane battait désormais dans ma propre poitrine.
Je pris la main de Mathias et la posait là ou se trouvait la cicatrice de l'opération. Je sentis ses doigts caresser la chair boursoufflée dans une lente, très lente caresse.
— Seras-tu là pour moi ? demandais-je à nouveau.
— Je serais toujours là pour toi. Pour lui. Mais également pour vous.
Je tournais lentement la tête et le regardais. Quand étais-je tombé amoureux de lui ? Quand mes sentiments avaient-il décidé de me jouer se tour et lentement remplace ceux que je ressentais pour Kane.
— Je t'aime, Mathias murmurais-je dans un souffle.
— Je t'aime aussi, David. Je vous aime tous les deux me dit-il en effleurant la cicatrice.
Et je compris ce qu'il voulait dire.
Je n'étais pas seul en moi. J'avais Kane. Et il avait décidé de nous aimer de la même manière tous les deux.
Le sacrifice de Kane et l'amour de Mathias étaient les deux plus belles choses que l'on m'avait données.
Et je les chérirais jusqu'à se que je retrouve Kane avec Mathias.
Car je ne pouvais pas en laisser un en court de route.
C'était les deux. Ou personne.
Je me levais et allais prendre une douche rapide pour enlever la sueur et le sperme qui collait à ma peau comme à chacun de nos ébats passionner. Lorsque je ressortis, je nouais une serviette autour de ma taille et descendais à la cuisine pour me préparer mon café quotidien.
Alors que celui-ci coulait doucement, embaumant la cuisine de sa riche odeur, je triais mon courrier. Bon sang… cela faisait bien longtemps que je ne l'avais pas regardé. Je fronçais soudainement les sourcils quand une lettre blanche attira mon attention. Puis soudain, je me figeais en reconnaissant l'écriture.
Kane.
C'était l'écriture de Kane sur l'enveloppe. Je me dépêchais de prendre un couteau afin de l'ouvrir à toute hâte. Je n'avais pas eu de ses nouvelles depuis tellement longtemps. Il fallait que je sache ce qu'il était devenu. Il le fallait. Après tout, il était l'homme que j'aimais.
Je fus d'ailleurs surprise en voyant la date. Elle datait de trois mois plus tôt. J'avais pensé que Mathias m'avait apporté tout mon courrier au cours de ses longs mois. Mais il fallait croire qu'il avait oublié de me donner celle-ci.
Enfin, je n'allais pas le lui reprocher. Il faisait déjà bien assez de choses pour moi. Je n'allais certainement pas lui crier dessus parce qu'il avait oublié de me donner une lettre provenant de Kane. Surtout qu'il ne savait pas qui il était. Je le lui avais caché mon passé.
"Montpellier, le 14 mai 2012
Mon très cher David,
Si tu es en train de lire ces lignes, c'est parce que je ne suis plus là pour te les dire. Que quelque chose est arrivé.
Pendant près de 20 ans, tu as été mon meilleur ami. Mon seul ami en faite. Tu as toujours été présent lors de mes moments les plus violents de ma vie. Tu as connu le pire comme le meilleur de moi. Et crois-moi que je n'ai jamais voulu te montrer la pire image de moi. Pourtant, quand tu m'as vu faire ma première crise, la première chose que tu as faite, c'est de me prendre dans tes bras et de lentement caresser mes cheveux pour m'apaiser. Tu as lentement parlé à mon oreille jusqu'à se que les tremblements s'arrêtent. Et pas instant tu n'as eu peur.
Mais je ne suis pas là pour te rappeler le passé. Si je t'écris cette lettre, c'est parce que je dois t'avouer quelque chose. Je dois t'avouer quelque chose qui me ronge depuis toutes ses années et qui me tue à petit feu un peu plus chaque jour. Je me dois de te dire cela. De dire cela à mon meilleur ami. De te dire pourquoi j'ai épousé Jennifer et pourquoi je suis parti loin de toi.
Tu te rappelles ce jour-là. Lorsque nous avions 14 ans. Ce jour où nous avons décidé de savoir ce que cela faisait de faire l'amour avec une personne du même sexe que soit. Bien sûr que tu t'en rappelles. Tu as toujours eu une excellente mémoire contrairement à moi. D'ailleurs, tu t'amusais souvent en me disant que j'étais tête en l'air. Que j'oubliais souvent se qui nous faisions ou se que nous devions faire. Alors, oui, tu ne peux que te souvenir de ce jour-là, puisque c'était la première fois que toi et moi faisions l'amour. Ensemble. Et bien je dois te dire que je t'ai menti cette nuit. Je t'ai menti, à toi la seule personne qui représentait tout pour moi. La seule personne qui était, je dois bien l'avouer aujourd'hui était mon monde. J'ai aimé notre nuit, David. J'ai aimé te faire l'amour et j'ai aimé quand tu m'as fait l'amour. Cette nuit était la plus belle, la plus fabuleuse de toute ma vie. J'ai cru que je venais d'atteindre les portes du Paradis quand tu t'es glissé en moi.
Je vois déjà ton visage alors que tu lis cette confession. Je vois cette petite ride qui te barre le front. J'entends même les rouages de ton cerveau se mettre en marche et se demander pourquoi je te dis cela maintenant. Mais j'y arrive, mon amour. J'y arrive. Tu notes bien que je viens de t'appeler mon amour.
Je t'ai repoussé ce matin-là, quand j'ai pris conscience de ce que nous avions fait au cours de la nuit. Tu n'es pas sans savoir que j'ai des parents très croyants. J'ai été élevé dans la croyance. Qu'un homme n'était fait que pour être avec une femme. Et qu'une femme n'était faite que pour être avec un homme. Je ne voulais pas l'admettre. Je ne voulais pas admettre que j'étais amoureux de mon meilleur ami. Ma famille n'aurait pas accepté cela. Elle ne t'aimait déjà pas, je ne voulais pas qu'elle ait une autre raison. Elle te voyait comme la perversion que tu étais. Sais-tu qu'à chaque fois que tu repartais de la maison, mais mère désinfectait tout ce que tu avais touché ? Je ne crois pas te l'avoir dit. Et bien c'est ce qu'elle faisait. Mes parents allaient même jusqu'à prier pour enlever l'aura du diable qui était entré dans leur maison. Ils te considéraient vraiment comme le diable alors que tu n'étais rien d'autre que l'ange qui apaisait mon corps et mon cœur en feu. Je sais que je te fais souffrir en te révélant ces mots alors que tu lis cette lettre, mais sache que ce n'ai pas mon intention.
Bien au contraire. Je veux que tu saches absolument tout. Je ne veux plus de barrière et encore moins de mensonge entre nous. Tout ça nous a déjà assez séparés. Oh crois-moi, j'aurais aimé te dire tous ses mots devant toi. J'aurais aimé être en chair et en os devant toi pour tout t'avouer. Mais hélas, ce n'est pas le cas.
Après cette nuit, même si mes mots ont étaient cruels, même si j'avais dû m'éloigner de toi je suis resté à tes côtés. Je ne pouvais pas te laisser seule. Je ne pouvais pas t'ignorer comme beaucoup le faisait. Tu étais mon meilleur ami, on ne lâche pas son meilleur ami. Alors j'ai continué de sortir avec des filles pour me laver pour ainsi dire des étreintes que nous avions partagées au cours de cette unique nuit. Je sais que je t'ai fait énormément de mal à m'afficher avec toutes ses filles. À jouer le parfait petit hétéro que mes parents voulaient que je sois. J'ai surpris tes regards de tristesse. Je sais que tu t'efforçais de sourire quand tu me voyais arriver avec une énième fille au bras. Que tu faisais semblant de rire avec nous pour cacher ta douleur et ta rancœur.
Jusqu'à nos 21 ans quand j'ai rencontré Jennifer.
Tu sais, elle était tout ce que tu n'étais pas. Elle n'avait pas ton sourire. Elle n'avait pas ton regard. Elle n'avait pas tes mains ni ton corps. Elle n'avait rien de toi et c'était tout ce que je recherchais pour t'oublier. Pour oublier cet amour qui me détruisait de l'intérieur. Qui me brûlait les entrailles et m'incendiait les veines. Je l'ai épousé, car elle et moi avions cru qu'elle était enceinte et nous avons déménagé pour qu'elle soit plus proche de ses parents pour l'arrivée de cet enfant. Comme tu t'en doutes, l'enfant n'a jamais vu le jour, car c'était un faux positif. La prise de sang à démenti.
À ce moment-là, je ne sais pas pourquoi, mais j'ai ressenti une grande déception. Je m'étais d'une certaine façon attaché à cet enfant qui n'en était pas vraiment un. J'aurais eu une autre personne à m'occuper et surtout cet enfant m'aurait encore plus éloigné de toi.
Je sais que nous aurions pu retourner à Paris. C'était prévu d'ailleurs. Mais à la dernière minute, j'ai dit non. Que nous resterions sur Montpellier. Parce que remonter sur Paris aurait voulu dire te revoir. Revoir ton sourire. Revoir ton regard. Te revoir tous court et ne pas pouvoir te toucher comme je le voulais. Ne pas pouvoir me glisser dans ton lit et te faire l'amour jusqu'à ne plus me souvenir de qui je suis... Jusqu'à oublier mon existence et tout se qui n'était pas toi. Et je ne pouvais pas."
»À se moment je pleurais tellement devant cette confession que je du stopper ma lecture et m'essuyer les yeux d'un revers de ma main. J'ai ignoré tout cela. Je ne savais pas qu'il m'aimait. Il avait donc si bien cacher ses sentiments. Et je m'en voulais ne n'avoir rien vu. De ne pas m'être rendu compte qu'il était amoureux de moi. Je m'en voulais tellement, que j'aurais aimé m'arracher la peau. Hurler. Que de temps perdu !
Je repris donc la lecture de sa lettre.»
"... Je voulais tout avec toi, David. Je voulais absolument tout et j'ai tout foiré. Comme à mon habitude. J'espère que tu ne m'en veux pas de ne t'avoir rien dit. Je le voulais, mais j'ai été lâche. Alors j'ai fait la seule chose que je savais réussir. J'ai pris les clés de ma voiture et je suis parti rouler dans cette nuit d'hiver. Je savais au fond de mon cœur que je ne rentrerais pas vivant auprès de Jennifer. Elle avait dû s'en douter le soir même au cours du repas. Car elle ne m'a pas dit "bonne nuit". Elle ma dit "adieu" avant de monter dans la chambre que je ne partageais plus avec elle depuis plus de deux ans.
Oui, notre couple a explosé lorsqu'une nuit, alors que je lui faisais l'amour j'ai crié ton prénom en plein orgasme. Quand j'ai vu l'horreur se peindre sur les traits de son visage, j'ai compris qu'elle et moi c'était fini. Que je venais, après dix ans de mariage de révéler de qui j'étais vraiment amoureux.
J'ai fait des tests David. J'ai fait tout un tas de tests et je savais que j'étais compatible avec toi. Je savais que tu étais hospitalisé et que tu attendais une greffe pour toi. Maintenant, c'est mon cœur qui bat dans ta poitrine. Je t'ai donné la chose que j'ai toujours voulu te donner et maintenant, je serais en toi jusqu'à ce que tu viennes me rejoindre.
Je vais t'attendre, David. Je vais t'attendre. Je serais là quand tu franchiras les portes que j'ai entrevues lorsque tu me faisais l'amour cette nuit-là.
Fais ta vie. Aime un autre homme. Donne-lui tout ce que je voulais te donner et que je n'ai pas su t'offrir. Fais-le.
Pour moi.
Je t'aime mon amour. Je t'aime et je t'attendrais. Parce que cette fois, nous aurons toute l'éternité pour nous aimer.
J'aurais l'éternité pour t'aimer.
Kane."
Je regardais la feuille trembler et je me rendis compte que c'était moi qui tremblais. Je n'arrivais pas à crois ce que j'étais en train de lire. Ce n'était pas possible. Il s’était sacrifié pour me donner son cœur. Je ne pouvais pas y croire. C'était impossible.
Je sentis soudain une main glisser lentement en travers de mon torse et je fus plaqué contre un torse puissant avant que des jambes ne viennent ceinturer ma taille. Je savais qui c'était. Mathias était de retour. Je venais à me demander s'il ne voulait pas me laisser seul pour affronter cette lecture.
— Tu étais au courant n'est-ce pas ? demandais-je des sanglots dans la voix.
— Oui. J'étais au courant. Kane m'a également envoyé une lettre. Je ne l'ai reçu que le mois dernier. Il m'informait de ce qu'il avait fait et m'a demandé de veiller sur toi. D'être toujours auprès de toi.
Je me laissais aller dans l'étreinte qu'il m'offrait. Je me rendais compte que j'avais besoin de lui pour affronter la nouvelle que je venais d'apprendre. Je sais qu'il allait me falloir du temps pour digérer cette annonce. Que je me fasse à l'idée que le cœur de Kane battait désormais dans ma propre poitrine.
Je pris la main de Mathias et la posait là ou se trouvait la cicatrice de l'opération. Je sentis ses doigts caresser la chair boursoufflée dans une lente, très lente caresse.
— Seras-tu là pour moi ? demandais-je à nouveau.
— Je serais toujours là pour toi. Pour lui. Mais également pour vous.
Je tournais lentement la tête et le regardais. Quand étais-je tombé amoureux de lui ? Quand mes sentiments avaient-il décidé de me jouer se tour et lentement remplace ceux que je ressentais pour Kane.
— Je t'aime, Mathias murmurais-je dans un souffle.
— Je t'aime aussi, David. Je vous aime tous les deux me dit-il en effleurant la cicatrice.
Et je compris ce qu'il voulait dire.
Je n'étais pas seul en moi. J'avais Kane. Et il avait décidé de nous aimer de la même manière tous les deux.
Le sacrifice de Kane et l'amour de Mathias étaient les deux plus belles choses que l'on m'avait données.
Et je les chérirais jusqu'à se que je retrouve Kane avec Mathias.
Car je ne pouvais pas en laisser un en court de route.
C'était les deux. Ou personne.