Les fesses pressées contre sa moto, une cigarette glissée entre ses lèvres, Sheridan regardait droit devant lui. Son regard était rivé sur les ruines carbonisées d’une maison et qui se dressaient, morbide, en cette nouvelle nuit de pleine lune. Au vu de la grandeur au sol, elle avait dû abriter une belle famille nombreuse avec plein d’enfants jouant à se courir après tout autour. Cela avait de l’être une belle vision et ce qu’il aurait aimé vivre. Hélas, son passé et le futur qu’il avait actuellement ne li permettait pas de vivre ce genre de chose.
Ce n’était tout simplement plus pour lui.
Il termina sa cigarette avant de la jeter sur le sol, de l’écraser et de récupérer le mégot. Puis il enfourcha sa moto, la mis en route e pris le chemin de la maison qu’il avait achetée il y avait un peu plus de six mois maintenant. Alors qu’il roulait sur la petite route sinueuse, sa pensée revint aux ruines de la maison. Elles le fascinaient, car il se demandait pourquoi personne n’avait cherché à raser ce qu’il en restait. Cela ne servait strictement à rien. Hormis faire souffrir inutilement.
Alors qu’il poussait sa moto au maximum, un sourire étira ses lèvres quand la brise effleura son visage. Il avait pris l’habitude, la nuit, de rouler sans casque et il était sur que si le shérif était de sortit et qu’il l’arrêtait, il se prendrait une belle prune. Quoique… se faire arrêter par le shérif de la petite ville de Stone River n’était pas pour lui déplaire. Il avait vu le charmant officier Byrne sortir de sa GTO lors de cette fameuse assemblée qui visiblement devait être importante. Et ce qu’il avait vu lui avait donné l’eau à la bouche. Mais à un détail près.
Monsieur le shérif Byrne n’était autre qu’un alpha.
C’était quelque chose qui avait dans le temps fini par le rebuter. Depuis que le statut des omégas avait changé, certain alpha étaient toujours réfractèrent à cela. Il arrivait encore que les omégas soient toujours considérés comme des moins que rien. Parfois certains en perdaient la vie. Comme ce fut le cas pour Stern, son jumeau. Deux ans avaient passé et pourtant c’était comme-ci la blessure était jours vivaces. Et d’une certaine manière, c’était le cas. Elle était toujours aussi rouge. Toujours aussi purulente et il faisait tout pour l’entretenir. Il s’était promis de le venger et le ferait jusqu’à ça mort.
Il fut brutalement sorti de ses pensées quand un loup gris surgit devant sa moto. D’un mouvement souple du poignet et se penchant doucement et se penchant doucement sur le côté, il évita de le percuter. Il reprit son équilibre, freina et s’arrêta pour tenter de calmer son cœur qui battait la chamade dans sa poitrine. C’était moins une. Il tourna le haut de son corps et avisa l’animal qui était toujours au beau milieu de la route et qui le regardait. La queue légèrement écartée en signe d’attention et les oreilles dressées. Quand il planta ses prunelles rouge-bordeaux dans les siennes, Sheridan ressentit un frisson et cela n’avait rien à voir avec la fraîcheur de la nuit.
Pour la première fois depuis six mois, son loup fut attiré par un loup pour autre chose que la mort. Il le sentit monter à l’intérieur de lui avant de s’asseoir et de regarder l’autre loup à travers ses yeux. Il le détailla. Analysant la carrure puissante de l’autre animal. Il se rendit compte en voyant ses mâchoires qu’il pourrait ne faire qu’une bouchée de lui. Mais ce qui surprit le plus Sheridan, c’est que le loup ne cherchait pas à asseoir sa dominance. Ne lui faisait pas sentir qu’il était un alpha et qu’il lui devait obéissance. C’était un sentiment qu’il n’avait pas connu depuis bien longtemps et il le goûta sur sa langue comme un met savoureux.
— Je ne sais pas qui tu es, mais… merci.
-- Tu le sauras bien assez tôt, lui répondit mentalement l’homme derrière l’esprit du loup.
Sheridan ne put s’empêcher de sourire. Oh, il ne doutait pas de le revoir. Il avait, à son corps défendant, ressenti une certaine attraction avec ce loup. Ce qui hélas n’était pas prévu à son programme. Il ne pouvait pas se permettre de dévier de son chemin. Et surtout pas à cause d’un loup aussi beau soit-il.
— Je suis désolé, mais je vais devoir te laisser. Mon devoir m’appelle.
Sheridan fit un signe de tête au loup et regarda celui-ci s’enfuir dans les fourrées. Un frisson le saisit devant cette rencontre inattendue. Il regarda un instant l’endroit où le loup s’était enfui, puis remit sa moto en marche avant de reprendre la route. La tête remplit de question. Qui était ce loup ? Pourquoi lui avait-il dit qu’ils se reverraient ? Ce pouvait-il qu’il l’avait déjà vu auparavant ?
Un frisson glacé lui traversa l’échine. Se pouvait-il que ce loup soit un de ceux qui étaient présents cette nuit-là ? Non, il ne se souvenait pas avoir sentit son odeur. S’il avait été présent, il n’aurait jamais pu oublier cette odeur de sapin et de pluie mêlée.
Lorsqu’il arriva, il remonta l’allée qui montait jusqu’à sa maison et son regard se posa sur celle-ci. Son avocat avait fait un excellent travail en lui trouvant ce magnifique lieu de vie. Si Stern avait encore été de ce monde, il aurait sauté de joie en le voyant. La maison se composait d’un rez-de-chaussée et d’un étage sur une surface au sol de 150 mètres carrés. Elle était tout en bois et une immense terrasse en faisait le tour tout comme le balcon.
Au rez-de-chaussée se trouvait une grande cuisine ouverte et qui donnait sur un salon/salle à manger. Il avait fait aménager un grand bureau pour son travail avec des ordinateurs derniers cris. L’étage se composait de la chambre principale et de sa salle de bain privative. Une chambre d’ami avec salle de bain également et… une chambre dans laquelle il ne s’autorisait qu’à rentrer pour se souvenir pourquoi il faisait tout cela. Il avait également fait installer un bureau pour le travail.
La maison était également entourée par un grand terrain qui, sur l’arrière, donnait sur la forêt. Il avait laissé le soin à son avocat de lui trouver une entreprise de sécurité pour sécuriser son sanctuaire et cela avait été fait. Sa propriété était inviolable et c’était ce qu’il souhaitait.
Ce qu’il avait toujours voulu pour Stern.
Il ouvrit la porte automatique du garage et attendit un moment avait de rentrer et de garer la moto à côté de la seconde qui était aussi rouge que le sang et qui avait appartenue à son frère. Il n’avait pas été capable de la vendre. Il coupa le moteur et descendit avant de ressortir et de marcher à l’arrière de la maison. Il traversa le terrain en empruntant le chemin de pierre et se rendit vers la pierre tombale simple qui abritait les restes de son frère. Sans attendre, il s’installa à genoux et regarda le nom de son jumeau qui était inscrit en lettre noire. Dans une écriture simple et douce.
-- Salut mon ange. Désolé de venir te voir aussi tard. Je voulais te faire part de l’avancer des choses. J’en ai eu un sixième. Je le soupçonne de prendre avec lui les meilleurs des loups pour le protéger. Je sais que tu ne serais pas d’accord, mais… il t’a arraché à moi. Il m’a arraché ce que j’aimais le plus au monde. Et tu sais à quel point je t’aimais. Tu étais tout pour moi, Stern. Et devoir vivre le reste de ma vie sans toi… je… ne suis pas sûr d’y arriver.
Sheridan laissa les larmes coulées d’elles-mêmes le long de ses joues. C’était si dur de devoir continuer sans lui. Ils avaient partagé tellement de choses ensemble, que devoir en faire certaines sans lui n’avait pas de sens. Malgré les deux ans, c’était toujours aussi cruel. Il finit par se reprendre doucement et lui raconta sa rencontre avec le loup gris et les sensations qu’il lui avait procurées. Chose qu’il avait aimée et détestée. Il finit par prendre congé de son jumeau après deux heures à lui parler de la nouvelle vie qu’il s’était construit et de la maison qu’ils avaient tant de fois rêver après leur départ de leur meute.
Une fois qu’il fut à l’intérieur de la maison et qu’il ait remis l’alarme, il se dirigea dans son bureau. Il avait encore beaucoup de choses à voir pour la création de son nouveau jeu vidéo.
Il était sûr que Stern aurait été heureux de cette nouvelle idée de jeu. Car il réalisait une discussion qu’ils avaient eue tous les deux quatre mois avant sa disparition.
— C’est pour toi, Stern.
Puis il se plongea dans son jeu.
***
Comme tous les matins depuis son arriver à Stone River, Sheridan se rendit dans la ville même en faisant son jogging matinal. Il avait pris l’habitude de le faire avec Stern quand, pour gagner leur vie, ils étaient danseurs exotiques. Ils avaient eux beaucoup de succès à cette époque parce qu’ils étaient de véritables jumeaux. Personne, pas même leur parent n’avait pu les différencier. Ils étaient similaires en tout point jusqu’au grain de beauté qu’ils avaient sous l’œil gauche et qui était en quelque sorte leur marque.
Alors qu’il était sur le chemin du retour, il fit un petit détour par le supermarché pour y faire quelques petites courses. Il fallait dire aussi qu’il ne sortait presque jamais de son bureau. La conception de sa nouvelle application lui prenait quand même beaucoup de temps. Si Stern avait encore été vivant, cela ne se passerait pas de cette façon. Il le ferait sortir avec perte et fracas de son bureau pour le forcer à manger.
Il se rappelait encre il y a quatre ans, quand ils étaient en pleine conception de leur premier jeu, Stern était entré dans le bureau, c’était pointer à ses côtés en mettant ses poings sur ses hanches en lui passant une soufflante de tous les diables. Il se souvenait avoir penché la tête sur le côté en souriant tendrement et lui avait dit qu’il tombait de plus en plus amoureux de lui. Stern l’avait traité d’abrutis en souriant en retour et que cela ne se faisait pas. Il lui avait répondu qu’il ne contrôlait pas ses sentiments. Personne d’ailleurs n’avait compris cet amour. Tout le monde les jugeait. Mais cet amour-là n’avait absolument rien de sexuel. C’était un amour au-delà de l’imaginable et que seuls les jumeaux comprenaient.
Alors dans son esprit et son cœur, c’était tout à fait normal qu’il venge ce qui lui avait été arraché.
Il passa de rayon en rayon avant de s’arrêter devant un rayon d’épices. Il était bien tenté de se faire un plat bien épicé pour aujourd’hui. Même s’il faisait très attention à son poids, il se laissait de temps en temps tenter par quelque chose de bien calorique.
Il était en train de chercher celle qu’il voulait utiliser quand une voix virile résonna dans ses oreilles.
— Je vous avais bien dit que nous nous reverrions.
Sheridan se mit à déglutir avec difficulté et sentit son corps se mettre à trembler sous la caresse de la voix masculine. Il s’assura d’avoir repris un semblant de contrôle avant de se retourner et de se figer en avisant l’homme qui se dressait devant lui. Là, en face de lui se dressait son fantasme à l’état pur. Celui qu’il n’arrivait pas à se sortir de la tête depuis qu’il l’avait entraperçu.
Le shérif Byrne.
Presque deux mètres de haut et aussi large quand l’embrasure d’une porte. Un mélange de James Dean et… de James Dean. Le mâle par excellence. L’alpha par excellence. Ce qui au final n’était pas normal que cet homme soit aussi beau. Pas quand toutes ses alarmes internes se mettaient à sonner en même temps.
— Auriez-vous perdu votre langue, Monsieur Mahoney ? demanda le Shérif Byrne.
— Laissez-moi me glisser dans votre lit, fut la seule chose qui franchit le barrage des lèvres de Sheridan.
Le jeune homme ne prit conscience de ce qu’il venait de dire quand Oran redressa un sourcil et qu’il lui réponde en souriant :
— Je ne dirais pas non, mais je ne suis pas fan des coups d’un soir.
— Désolé. Quand je suis surpris, mes paroles dépassent ma pensée.
Puis soudain, les paroles du shérif lui revinrent en mémoire.
— Comment connaissez-vous mon nom de famille ? lui demanda d’un coup Sheridan.
— C’est le devoir d’un shérif de connaître tous ses administrés. Et puis votre arrivée dans notre si belle petite ville n’est pas passée inaperçue pour certains membres de la communauté.
Sheridan tiqua à ces mots. C’était justement ce qu’il ne voulait pas. Il avait acheté sa maison pour se rapprocher de sa victime et ne surtout pas attirer l’attention sur lui. Et pourtant c’est ce qui s’était passé.
Il avait foiré.
Les deux hommes se regardèrent et comme cette nuit, Sheridan fut surpris de ne pas ressentir l’instinct de dominance émané du loup alpha. Et il était sûr que le shérif Byrne savait qu’il était un oméga. Lorsqu’il plongea son regard au fond des prunelles ambrées, il sentit son cœur sombrer et se corps trembler. Malgré la lumière qui les faisait briller, elle était là. Tapis dans l’ombre. Cette lueur qui brûlait dans ses propres yeux.
Cet homme avait également perdu quelqu’un d’important. Et ça souffrance était égale à la sienne.
— Je manque à tous mes devoirs. Je connais votre identité et je ne me suis pas présenté. Oran Byrne, le shérif de Stone River, se présenta-t-il en tendant la main.
— Sheridan Mahoney, mais vous le savez déjà lui répondit Sheridan en le lui prenant.
À peine Oran venait-il de refermer ses doigts autour des siens, que Sheridan ressentit un violent courant électrique le traverser. Au regard que lui lança Oran, celui-ci l’avait également ressenti. Ils se lâchèrent rapidement la main et Sheridan fut très gêné par la situation.
— Je vais y aller. Je vous souhaite la bienvenue à Stone River lui dit Oran en évitant le regarde de Sheridan.
— Je vous remercie, shérif. C’est un plaisir pour moi d’être dans votre ville.
Et c’est un immense plaisir de vous avoir rencontré, pensa Sheridan.
— Bonne journée, Sheridan. Oh et, la prochaine fois que je vous surprends sans casque je vous mets une amende.
Sheridan allait lui répondre quand ces mots restèrent bloqués dans sa gorge. Il avait enfin la réponse à la question qu’il s’était posée quelque minute plus tôt.
En se détournant pour quitter le rayon, Oran Byrne venait de lui monter une bonne vue sur sa nuque puissante, mais également sur la boursouflure qui y était gravée.
Oran Byrne n’avait pas que perdu un être qui lui était cher. Non.
Oran Byrne avait été uni.
Ce n’était tout simplement plus pour lui.
Il termina sa cigarette avant de la jeter sur le sol, de l’écraser et de récupérer le mégot. Puis il enfourcha sa moto, la mis en route e pris le chemin de la maison qu’il avait achetée il y avait un peu plus de six mois maintenant. Alors qu’il roulait sur la petite route sinueuse, sa pensée revint aux ruines de la maison. Elles le fascinaient, car il se demandait pourquoi personne n’avait cherché à raser ce qu’il en restait. Cela ne servait strictement à rien. Hormis faire souffrir inutilement.
Alors qu’il poussait sa moto au maximum, un sourire étira ses lèvres quand la brise effleura son visage. Il avait pris l’habitude, la nuit, de rouler sans casque et il était sur que si le shérif était de sortit et qu’il l’arrêtait, il se prendrait une belle prune. Quoique… se faire arrêter par le shérif de la petite ville de Stone River n’était pas pour lui déplaire. Il avait vu le charmant officier Byrne sortir de sa GTO lors de cette fameuse assemblée qui visiblement devait être importante. Et ce qu’il avait vu lui avait donné l’eau à la bouche. Mais à un détail près.
Monsieur le shérif Byrne n’était autre qu’un alpha.
C’était quelque chose qui avait dans le temps fini par le rebuter. Depuis que le statut des omégas avait changé, certain alpha étaient toujours réfractèrent à cela. Il arrivait encore que les omégas soient toujours considérés comme des moins que rien. Parfois certains en perdaient la vie. Comme ce fut le cas pour Stern, son jumeau. Deux ans avaient passé et pourtant c’était comme-ci la blessure était jours vivaces. Et d’une certaine manière, c’était le cas. Elle était toujours aussi rouge. Toujours aussi purulente et il faisait tout pour l’entretenir. Il s’était promis de le venger et le ferait jusqu’à ça mort.
Il fut brutalement sorti de ses pensées quand un loup gris surgit devant sa moto. D’un mouvement souple du poignet et se penchant doucement et se penchant doucement sur le côté, il évita de le percuter. Il reprit son équilibre, freina et s’arrêta pour tenter de calmer son cœur qui battait la chamade dans sa poitrine. C’était moins une. Il tourna le haut de son corps et avisa l’animal qui était toujours au beau milieu de la route et qui le regardait. La queue légèrement écartée en signe d’attention et les oreilles dressées. Quand il planta ses prunelles rouge-bordeaux dans les siennes, Sheridan ressentit un frisson et cela n’avait rien à voir avec la fraîcheur de la nuit.
Pour la première fois depuis six mois, son loup fut attiré par un loup pour autre chose que la mort. Il le sentit monter à l’intérieur de lui avant de s’asseoir et de regarder l’autre loup à travers ses yeux. Il le détailla. Analysant la carrure puissante de l’autre animal. Il se rendit compte en voyant ses mâchoires qu’il pourrait ne faire qu’une bouchée de lui. Mais ce qui surprit le plus Sheridan, c’est que le loup ne cherchait pas à asseoir sa dominance. Ne lui faisait pas sentir qu’il était un alpha et qu’il lui devait obéissance. C’était un sentiment qu’il n’avait pas connu depuis bien longtemps et il le goûta sur sa langue comme un met savoureux.
— Je ne sais pas qui tu es, mais… merci.
-- Tu le sauras bien assez tôt, lui répondit mentalement l’homme derrière l’esprit du loup.
Sheridan ne put s’empêcher de sourire. Oh, il ne doutait pas de le revoir. Il avait, à son corps défendant, ressenti une certaine attraction avec ce loup. Ce qui hélas n’était pas prévu à son programme. Il ne pouvait pas se permettre de dévier de son chemin. Et surtout pas à cause d’un loup aussi beau soit-il.
— Je suis désolé, mais je vais devoir te laisser. Mon devoir m’appelle.
Sheridan fit un signe de tête au loup et regarda celui-ci s’enfuir dans les fourrées. Un frisson le saisit devant cette rencontre inattendue. Il regarda un instant l’endroit où le loup s’était enfui, puis remit sa moto en marche avant de reprendre la route. La tête remplit de question. Qui était ce loup ? Pourquoi lui avait-il dit qu’ils se reverraient ? Ce pouvait-il qu’il l’avait déjà vu auparavant ?
Un frisson glacé lui traversa l’échine. Se pouvait-il que ce loup soit un de ceux qui étaient présents cette nuit-là ? Non, il ne se souvenait pas avoir sentit son odeur. S’il avait été présent, il n’aurait jamais pu oublier cette odeur de sapin et de pluie mêlée.
Lorsqu’il arriva, il remonta l’allée qui montait jusqu’à sa maison et son regard se posa sur celle-ci. Son avocat avait fait un excellent travail en lui trouvant ce magnifique lieu de vie. Si Stern avait encore été de ce monde, il aurait sauté de joie en le voyant. La maison se composait d’un rez-de-chaussée et d’un étage sur une surface au sol de 150 mètres carrés. Elle était tout en bois et une immense terrasse en faisait le tour tout comme le balcon.
Au rez-de-chaussée se trouvait une grande cuisine ouverte et qui donnait sur un salon/salle à manger. Il avait fait aménager un grand bureau pour son travail avec des ordinateurs derniers cris. L’étage se composait de la chambre principale et de sa salle de bain privative. Une chambre d’ami avec salle de bain également et… une chambre dans laquelle il ne s’autorisait qu’à rentrer pour se souvenir pourquoi il faisait tout cela. Il avait également fait installer un bureau pour le travail.
La maison était également entourée par un grand terrain qui, sur l’arrière, donnait sur la forêt. Il avait laissé le soin à son avocat de lui trouver une entreprise de sécurité pour sécuriser son sanctuaire et cela avait été fait. Sa propriété était inviolable et c’était ce qu’il souhaitait.
Ce qu’il avait toujours voulu pour Stern.
Il ouvrit la porte automatique du garage et attendit un moment avait de rentrer et de garer la moto à côté de la seconde qui était aussi rouge que le sang et qui avait appartenue à son frère. Il n’avait pas été capable de la vendre. Il coupa le moteur et descendit avant de ressortir et de marcher à l’arrière de la maison. Il traversa le terrain en empruntant le chemin de pierre et se rendit vers la pierre tombale simple qui abritait les restes de son frère. Sans attendre, il s’installa à genoux et regarda le nom de son jumeau qui était inscrit en lettre noire. Dans une écriture simple et douce.
-- Salut mon ange. Désolé de venir te voir aussi tard. Je voulais te faire part de l’avancer des choses. J’en ai eu un sixième. Je le soupçonne de prendre avec lui les meilleurs des loups pour le protéger. Je sais que tu ne serais pas d’accord, mais… il t’a arraché à moi. Il m’a arraché ce que j’aimais le plus au monde. Et tu sais à quel point je t’aimais. Tu étais tout pour moi, Stern. Et devoir vivre le reste de ma vie sans toi… je… ne suis pas sûr d’y arriver.
Sheridan laissa les larmes coulées d’elles-mêmes le long de ses joues. C’était si dur de devoir continuer sans lui. Ils avaient partagé tellement de choses ensemble, que devoir en faire certaines sans lui n’avait pas de sens. Malgré les deux ans, c’était toujours aussi cruel. Il finit par se reprendre doucement et lui raconta sa rencontre avec le loup gris et les sensations qu’il lui avait procurées. Chose qu’il avait aimée et détestée. Il finit par prendre congé de son jumeau après deux heures à lui parler de la nouvelle vie qu’il s’était construit et de la maison qu’ils avaient tant de fois rêver après leur départ de leur meute.
Une fois qu’il fut à l’intérieur de la maison et qu’il ait remis l’alarme, il se dirigea dans son bureau. Il avait encore beaucoup de choses à voir pour la création de son nouveau jeu vidéo.
Il était sûr que Stern aurait été heureux de cette nouvelle idée de jeu. Car il réalisait une discussion qu’ils avaient eue tous les deux quatre mois avant sa disparition.
— C’est pour toi, Stern.
Puis il se plongea dans son jeu.
***
Comme tous les matins depuis son arriver à Stone River, Sheridan se rendit dans la ville même en faisant son jogging matinal. Il avait pris l’habitude de le faire avec Stern quand, pour gagner leur vie, ils étaient danseurs exotiques. Ils avaient eux beaucoup de succès à cette époque parce qu’ils étaient de véritables jumeaux. Personne, pas même leur parent n’avait pu les différencier. Ils étaient similaires en tout point jusqu’au grain de beauté qu’ils avaient sous l’œil gauche et qui était en quelque sorte leur marque.
Alors qu’il était sur le chemin du retour, il fit un petit détour par le supermarché pour y faire quelques petites courses. Il fallait dire aussi qu’il ne sortait presque jamais de son bureau. La conception de sa nouvelle application lui prenait quand même beaucoup de temps. Si Stern avait encore été vivant, cela ne se passerait pas de cette façon. Il le ferait sortir avec perte et fracas de son bureau pour le forcer à manger.
Il se rappelait encre il y a quatre ans, quand ils étaient en pleine conception de leur premier jeu, Stern était entré dans le bureau, c’était pointer à ses côtés en mettant ses poings sur ses hanches en lui passant une soufflante de tous les diables. Il se souvenait avoir penché la tête sur le côté en souriant tendrement et lui avait dit qu’il tombait de plus en plus amoureux de lui. Stern l’avait traité d’abrutis en souriant en retour et que cela ne se faisait pas. Il lui avait répondu qu’il ne contrôlait pas ses sentiments. Personne d’ailleurs n’avait compris cet amour. Tout le monde les jugeait. Mais cet amour-là n’avait absolument rien de sexuel. C’était un amour au-delà de l’imaginable et que seuls les jumeaux comprenaient.
Alors dans son esprit et son cœur, c’était tout à fait normal qu’il venge ce qui lui avait été arraché.
Il passa de rayon en rayon avant de s’arrêter devant un rayon d’épices. Il était bien tenté de se faire un plat bien épicé pour aujourd’hui. Même s’il faisait très attention à son poids, il se laissait de temps en temps tenter par quelque chose de bien calorique.
Il était en train de chercher celle qu’il voulait utiliser quand une voix virile résonna dans ses oreilles.
— Je vous avais bien dit que nous nous reverrions.
Sheridan se mit à déglutir avec difficulté et sentit son corps se mettre à trembler sous la caresse de la voix masculine. Il s’assura d’avoir repris un semblant de contrôle avant de se retourner et de se figer en avisant l’homme qui se dressait devant lui. Là, en face de lui se dressait son fantasme à l’état pur. Celui qu’il n’arrivait pas à se sortir de la tête depuis qu’il l’avait entraperçu.
Le shérif Byrne.
Presque deux mètres de haut et aussi large quand l’embrasure d’une porte. Un mélange de James Dean et… de James Dean. Le mâle par excellence. L’alpha par excellence. Ce qui au final n’était pas normal que cet homme soit aussi beau. Pas quand toutes ses alarmes internes se mettaient à sonner en même temps.
— Auriez-vous perdu votre langue, Monsieur Mahoney ? demanda le Shérif Byrne.
— Laissez-moi me glisser dans votre lit, fut la seule chose qui franchit le barrage des lèvres de Sheridan.
Le jeune homme ne prit conscience de ce qu’il venait de dire quand Oran redressa un sourcil et qu’il lui réponde en souriant :
— Je ne dirais pas non, mais je ne suis pas fan des coups d’un soir.
— Désolé. Quand je suis surpris, mes paroles dépassent ma pensée.
Puis soudain, les paroles du shérif lui revinrent en mémoire.
— Comment connaissez-vous mon nom de famille ? lui demanda d’un coup Sheridan.
— C’est le devoir d’un shérif de connaître tous ses administrés. Et puis votre arrivée dans notre si belle petite ville n’est pas passée inaperçue pour certains membres de la communauté.
Sheridan tiqua à ces mots. C’était justement ce qu’il ne voulait pas. Il avait acheté sa maison pour se rapprocher de sa victime et ne surtout pas attirer l’attention sur lui. Et pourtant c’est ce qui s’était passé.
Il avait foiré.
Les deux hommes se regardèrent et comme cette nuit, Sheridan fut surpris de ne pas ressentir l’instinct de dominance émané du loup alpha. Et il était sûr que le shérif Byrne savait qu’il était un oméga. Lorsqu’il plongea son regard au fond des prunelles ambrées, il sentit son cœur sombrer et se corps trembler. Malgré la lumière qui les faisait briller, elle était là. Tapis dans l’ombre. Cette lueur qui brûlait dans ses propres yeux.
Cet homme avait également perdu quelqu’un d’important. Et ça souffrance était égale à la sienne.
— Je manque à tous mes devoirs. Je connais votre identité et je ne me suis pas présenté. Oran Byrne, le shérif de Stone River, se présenta-t-il en tendant la main.
— Sheridan Mahoney, mais vous le savez déjà lui répondit Sheridan en le lui prenant.
À peine Oran venait-il de refermer ses doigts autour des siens, que Sheridan ressentit un violent courant électrique le traverser. Au regard que lui lança Oran, celui-ci l’avait également ressenti. Ils se lâchèrent rapidement la main et Sheridan fut très gêné par la situation.
— Je vais y aller. Je vous souhaite la bienvenue à Stone River lui dit Oran en évitant le regarde de Sheridan.
— Je vous remercie, shérif. C’est un plaisir pour moi d’être dans votre ville.
Et c’est un immense plaisir de vous avoir rencontré, pensa Sheridan.
— Bonne journée, Sheridan. Oh et, la prochaine fois que je vous surprends sans casque je vous mets une amende.
Sheridan allait lui répondre quand ces mots restèrent bloqués dans sa gorge. Il avait enfin la réponse à la question qu’il s’était posée quelque minute plus tôt.
En se détournant pour quitter le rayon, Oran Byrne venait de lui monter une bonne vue sur sa nuque puissante, mais également sur la boursouflure qui y était gravée.
Oran Byrne n’avait pas que perdu un être qui lui était cher. Non.
Oran Byrne avait été uni.