L’aube commençait à poindre à l’horizon et les premiers rayons du soleil effleurèrent le corps allongé sur les draps de coton noirs. Sortant lentement de son sommeil, l’homme s’étira dans son lit. Il tendit négligemment son bras vers la place sur sa droite et ses doigts tâtonnèrent comme à la recherche de quelque chose ou de quelqu’un. Un soupir s’échappa d’entre ses lèvres quand il remarqua que les droits étaient partiellement froids. Son coup d’un soir n’avait donc pas attendu son réveil pour prendre la fuite. Ce qui n’était pas vraiment une surprise en soi. Les sept derniers avaient exactement fait la même chose. En même temps, qui aimait se réveiller soit face à un homme d’une humeur massacrante, soit face à un loup d’une centaine de kilos, aux muscles bandés et aux crocs luisants.
Personne.
Repoussant le drap plat qui avait glissé au cours de la nuit sur ses hanches, Riordan leva son deux mètres dix du lit, leva les bras et s’étira de nouveau. Une grimace lui déforma les traits de son beau visage quand des douleurs lui vrillèrent le corps. Il prit le chemin de la salle de bain, alluma la lumière et se figea d’un seul coup sur le bas de la porte en voyant son reflet. Avoir une sale gueule était un doux euphémisme pour lui alors qu’il se détaillait. Il avait l’impression d’être passé sous les roues d’un 38 tonnes. Il avait des bleus et des griffures partout sur le corps. Même ses hanches avaient pris des coups.
Bon sang ! Depuis quand il laissait quelqu’un le marquer à ce point alors qu’il était en train de le baiser ?
— Dans quel état j’ai laissé mon partenaire ? se dit-il.
Essayant de se souvenir de se qu’il avait fait avec son amant d’un soir, il se glissa sous la douche. Alors qu’il se lavait, il en profita pour glisser une main derrière lui pour toucher son ouverture. Non, elle n’était pas douloureuse. Malgré son état d’ébriété de la veille, il n’avait pas été jusqu’à s’offrir volontairement à l’homme qu’il avait ramené chez lui. Il se rinça rapidement, sortit et se sécha avant de rejoindre sa chambre. Il fallait qu’il se dépêche s’il voulait arriver avant ses clients. Il devait s’assurer que tout soit prêt. Bien qu’il ne doutât pas une seconde que Sylvie ait déjà fait le nécessaire.
Une fois vêtu, il retire les draps qui sentaient le sexe à plein nez de son lit et descendit dans la buanderie. Alors qu’il descendait l’escalier, il remarqua enfin depuis son réveil, la délicieuse odeur qui flottait dans l’air. Sylvie était donc passée pour s’assurer qu’il était toujours vivant après un week-end de folie.
Il déposa rapidement les draps dans la machine à laver et la lança avant de prendre le chemin de la cuisine. Alors qu’il allait en franchir le seuil, il se figea pour la seconde fois depuis son réveil. Il s’était attendu à découvrir la petite taille de Sylvie en train de s’affairer dans la cuisine, mais se retrouva devant un t-shirt noir tendu sur un large dos.
— Désolé de vous avoir réveillé Alpha. Mais je ne pouvais pas partir comme un voleur.
La mâchoire de Riordan se serra et un muscle tressauta sous sa peau bronzée. Il avait horreur quand quelqu’un l’appelait alpha. Encore plus quand c’était un humain. Cela faisait toujours bizarre. Même pour lui.
— Il ne faut pas être désolé, lui répondit Riordan en le regardant.
La voix était parfaite pour l’homme qui se tenait devant lui. Il se rendit compte également qu’il avait plutôt visé juste en le remarquant dans la boîte de nuit samedi soir. L’humain était plutôt bel homme. Il était plutôt grand, pas autant que lui mais d’une assez bonne taille. Il se rappelait que la première chose qui avait attiré son regard c’était la couleur caramel foncé de sa peau. Il avait eu envie de laisser glisser sa langue pour en apprendre le goût et la texture. Puis ses yeux étaient venus en seconde position. Et la troisième, c’était son physique. Il n’avait pas le physique d’homme qui attirait le regard d’un alpha comme lui.
Oui, les alphas avaient tendance à toujours être attiré par les personnes quasi parfaites. Un corps parfait. Un visage parfait. Une situation sociale parfaite. En clair, un bon pedigree. Or, l’homme devait lui… était loin d’être comme cela.
Tout d’abord, il était un simple barman. Il le savait puisqu’il avait passé la soirée d’hier à flirter avec lui. Son visage était somme toute banal et… son corps était juste le corps d’un homme d’une quarantaine d’années qui essayait de se maintenir en forme mais qui se relâchait un peu. Il avait des rondeurs là où il fallait et qui était forts appétissantes. Il se revoyait les embrasser. Les empoigner et les caresser avec gourmandise. Il avait pris plaisir à faire l’amour à cet homme. Il n’irait pas jusqu’à dire que c’était différent, mais il avait appris d’une certaine manière que c’était bien loin d’être désagréable. C’était en fait tout le contraire.
— Je ne sais pas à quoi vous pensez Alpha, mais cela doit être important, lui dit l’homme.
Les lèvres de Riordan s’étirèrent dans un léger sourire et bon sans, cela lui donnait envie de l’embrasser à nouveau. Chose qu’il ne faisait jamais.
— Je sais. Vous êtes assez connu dans les environs, répondit l’homme.
Cela ne le surprit aucunement. Tout le monde connaissait l’histoire de l’alpha qui avait quitté sa meute et l’avait laissé à son oncle. Sauf que personne n’en connaissait la raison. Enfin la véritable raison.
— Benjamin, s’écria d’un coup Riordan. C’est votre prénom.
— Je suis étonné que vous sachiez encore mon prénom. De ce que j’ai entendu, c’est rarement le cas.
Merci de me le rappeler. Je passe pour un connard maintenant, pensa Riordan.
— Peut-être que je ne me souviens uniquement du nom de ceux qui me donnent du plaisir, fini par répondre Rio en entrant dans la cuisine pour se servir un mug de café.
Il en profita pour regarder Benjamin et un sourire apparu au coin de sa bouche en voyant la rougeur s’étendre sur le visage de l’homme. C’était vraiment mignon à voir. Puis il regarda Benjamin se désigner dans sa globalité.
— Je doute fortement d’avoir fait bonne impression et encore moins vous avoir donné du plaisir. Je n’ai pas vraiment le physique de l’emploi.
Masquant son sourire derrière son mug, Riordan pensa que c’était une étrange conversation pour un matin post-coïtal. Il devait même reconnaître que c’était plutôt plaisant. Il avait perdu cette habitude il y avait cent cinquante ans, cependant il pouvait vite y reprendre goût.
Surtout avec un partenaire comme Benjamin.
— Crois-moi que tu as été parfait cette nuit. Je ne m’attendais cependant pas à ce que tu me laisses des bleus et des griffures.
— Désolé, j’ai tendance à être passionné dans l’intimité d’un lit, répondit Benjamin toujours aussi rouge.
Riordan termina son café et pose son mug dans l’évier. Puis il s’approcha de l’homme, lui souleva le menton et plongea son regard dans le sien.
— Mais au moins, tu ne feint pas lorsque tu prends du plaisir. Et ça c’est plutôt agréable.
Benjamin allait répondre quand la bouche de Rio s’écrasa soudainement sur la sienne. Réduisant toutes tentatives de discussion à néant. Puis tout contre ses lèvres, Rio lui dit :
— Tu auras juste à fermer la porte derrière toi quand tu partiras.
Il se détourna et quitta sa maison un sourire aux lèvres.
Il ne doutait pas une seconde de revoir le charmant barman. Et pourquoi ne pas tenter de faire un bout de chemin avec lui.
***
— Dis-moi que tu comptes revoir le magnifique spécimen masculin qui vient de quitter ta maison ?
Riordan leva les yeux au ciel. Il c’était attendu à cette question dès l’instant où il avait entendu la porte s’ouvrir dans son dos. Sylvie connaissait toute sa vie sexuelle et il venait à se demander si elle ne vivait pas de temps en temps la sienne à travers lui. Ce qui était fort possible. Il fallait dire qu’ils étaient devenus inséparables depuis leur rencontre cent trente ans plus tôt. Elle était entrée dans sa vie tel un ouragan pour ne plus jamais en ressortir. Il devait reconnaître que grâce à elle, il avait évité de commettre l’irréparable. Et pour cela, il lui en serait éternellement reconnaissant.
— C’est fort possible, lui répondit Riordan alors qu’il avait les mains dans la pâte à tarte.
Le bruit de sac que l’on pose sur le comptoir se fit entendre.
— Comment ça c’est fort possible ? Il n’y a pas de fort possible. Il est canon, bon sang. Différent de ce que tu as l’habitude de ramener chez toi, mais sacrément beau.
Rio tourna la tête et la regarda longuement. Elle aurait fait une parfaite compagne pour lui s’il ne ressentait pas pour Sylvie cette profonde amitié. Voire ce sentiment fraternel. Mais deux ans plus tôt, elle avait rencontré l’humain qui lui faisait battre le cœur et avec qui elle comptait se marier et fonder une famille.
Depuis que les loups-garous avaient révélé leur existence aux êtres humains des décennies plus tôt, ils n’étaient que partiellement accepter. Cela ne dérangeait pas les humains de vivre leur vie proche de celle des métamorphes. Que ce soit les hommes ou les femmes, ils aimaient frayer avec eux, mais il était hors de question qu’un loup-garou mâle mette enceinte une humaine, tout comme c’était la même chose entre un homme et une louve. Mais visiblement, cela ne gênait aucunement Mika le compagnon de Sylvie de lui faire des enfants.
— Je verrais où le vent nous portera. Même si je le connais car je vais en boîte de nuit presque tous les week-ends, il est hors de question de précipiter les choses.
Il la regarda s’approcher de lui.
— Tu as le droit au bonheur, Riordan. Non, tu mérites le bonheur. Surtout après tout ce que tu as fait au cours de ces dernières décennies.
— Je ne fais que mon travail, lui dit-il en souriant doucement.
Elle le frappa sur le bras.
—Tu fais bien plus que cela et tu le sais aussi bien que moi. Même si c’est ton oncle qui dirige la meute, tout le monde sait que tu es le véritable alpha. Tu continues de t’occuper de nous. Tu veilles à ce que personne ne manque de rien et tu demandes des nouvelles de tout le monde.
Riordan étala la pâte à tarte avant de la placer dans le plat et d’y ajouter la compote de pommes et les tranches de pomme coupées. Elle avait terriblement raison, mais il refusait de le lui dire. C’était un fait qu’il demandait toujours des nouvelles de chaque membre de la meute. Cependant c’était tout à fait normal, puisqu’il était le fils de l’ancien alpha mort dans un accident de voiture avec son épouse.
Son père lui avait toujours appris que s’il refusait son statut d’alpha, il pouvait toujours rester dans la meute. Malheureusement, le destin en avait décidé autrement et il avait été contraint, non pas par gaieté de cœur de quitter celle-ci et de s’installer le plus loin possible des terres de la meute du Rocher Noir. Mais cela ne l’empêchait aucunement de demander des nouvelles pour savoir comment celle-ci continuait son chemin.
— Je ne reviendrais pas, Sylvie. Je ne pourrais pas remettre les pieds dans la meute tant qu’ils seront là. Tu n’étais pas présente quand cela c’est passé. Tu…
Il fut coupé dans sa diatribe quand les doigts de Sylvie se posèrent sur ses lèvres.
– Je le sais, mon cœur. N’oublie pas que lorsque je t’ai rencontré, tu étais presque devenu un animal sauvage. Á la limite de la folie.
Riordan grimaça face à ces paroles. Car c’était la stricte vérité. Son loup avait complètement pété un plomb au point de prendre entièrement le contrôle sur son côté humain. Il était devenu comme fou. Ne laissant personne ‘approcher de lui. Á plusieurs reprises, il avait été à la limite de tuer des êtres humains pour calmer la douleur qui le ravageait. Mais au final, une partie de sa conscience humaine l’en avait empêché.
— Je ne souhaite pas revivre cela. Je suis tout aussi bien comme cela. Un coup d’un soir par semaine où week-end c’est selon, c’est entièrement suffisant.
Il éclata de rire lorsqu’il vit la moue de Sylvie. Si cela ne tenait qu’à elle, elle l’aurait déjà casé avec toutes les louves ou les loups disponible dans la meute. Et de se qu’il savait, il y en avait pas mal. Certains cherchaient même un bel alpha avec qui vivre jusqu’à la mort.
— S’il y a vraiment quelqu’un pour moi, alors il finira bien par montrer le bout de son joli museau, Sylvie.
— Et comment qu’il y a quelqu’un pour toi. Et se serait encore mieux si c’était ta véritable âme sœur, lui dit-elle avec un petit sourire.
— Oh mon Dieu ! Ne me dis pas que tu crois encore à cette… légende ? lui dit-il en mettant le plat dans le four.
Elle fit claquer sa langue contre son palais.
— Et comment que j’y crois. Même si tout le monde pense que c’est une légende, je suis sûr que les âmes sœurs existent et que la tienne n’est pas loin. Qu’elle est proche et qu’elle n’attend que toi.
— Oui. Oui. En attendant, si on allait vérifier que tout soit prêt pour l’arrivée des clients. Parce que si mon souvenir est bon, ils ne devraient pas tarder à arriver.
— Oui, chef. Á vos ordres chef, dit-elle en le saluant façon militaire avant d’éclater de rire.
Il fit claquer le torchon sur son derrière alors qu’elle quittait la cuisine et éclata de rire quand elle répondit par un petit couinement.
Qu’il adorait cette femme.
Personne.
Repoussant le drap plat qui avait glissé au cours de la nuit sur ses hanches, Riordan leva son deux mètres dix du lit, leva les bras et s’étira de nouveau. Une grimace lui déforma les traits de son beau visage quand des douleurs lui vrillèrent le corps. Il prit le chemin de la salle de bain, alluma la lumière et se figea d’un seul coup sur le bas de la porte en voyant son reflet. Avoir une sale gueule était un doux euphémisme pour lui alors qu’il se détaillait. Il avait l’impression d’être passé sous les roues d’un 38 tonnes. Il avait des bleus et des griffures partout sur le corps. Même ses hanches avaient pris des coups.
Bon sang ! Depuis quand il laissait quelqu’un le marquer à ce point alors qu’il était en train de le baiser ?
— Dans quel état j’ai laissé mon partenaire ? se dit-il.
Essayant de se souvenir de se qu’il avait fait avec son amant d’un soir, il se glissa sous la douche. Alors qu’il se lavait, il en profita pour glisser une main derrière lui pour toucher son ouverture. Non, elle n’était pas douloureuse. Malgré son état d’ébriété de la veille, il n’avait pas été jusqu’à s’offrir volontairement à l’homme qu’il avait ramené chez lui. Il se rinça rapidement, sortit et se sécha avant de rejoindre sa chambre. Il fallait qu’il se dépêche s’il voulait arriver avant ses clients. Il devait s’assurer que tout soit prêt. Bien qu’il ne doutât pas une seconde que Sylvie ait déjà fait le nécessaire.
Une fois vêtu, il retire les draps qui sentaient le sexe à plein nez de son lit et descendit dans la buanderie. Alors qu’il descendait l’escalier, il remarqua enfin depuis son réveil, la délicieuse odeur qui flottait dans l’air. Sylvie était donc passée pour s’assurer qu’il était toujours vivant après un week-end de folie.
Il déposa rapidement les draps dans la machine à laver et la lança avant de prendre le chemin de la cuisine. Alors qu’il allait en franchir le seuil, il se figea pour la seconde fois depuis son réveil. Il s’était attendu à découvrir la petite taille de Sylvie en train de s’affairer dans la cuisine, mais se retrouva devant un t-shirt noir tendu sur un large dos.
— Désolé de vous avoir réveillé Alpha. Mais je ne pouvais pas partir comme un voleur.
La mâchoire de Riordan se serra et un muscle tressauta sous sa peau bronzée. Il avait horreur quand quelqu’un l’appelait alpha. Encore plus quand c’était un humain. Cela faisait toujours bizarre. Même pour lui.
— Il ne faut pas être désolé, lui répondit Riordan en le regardant.
La voix était parfaite pour l’homme qui se tenait devant lui. Il se rendit compte également qu’il avait plutôt visé juste en le remarquant dans la boîte de nuit samedi soir. L’humain était plutôt bel homme. Il était plutôt grand, pas autant que lui mais d’une assez bonne taille. Il se rappelait que la première chose qui avait attiré son regard c’était la couleur caramel foncé de sa peau. Il avait eu envie de laisser glisser sa langue pour en apprendre le goût et la texture. Puis ses yeux étaient venus en seconde position. Et la troisième, c’était son physique. Il n’avait pas le physique d’homme qui attirait le regard d’un alpha comme lui.
Oui, les alphas avaient tendance à toujours être attiré par les personnes quasi parfaites. Un corps parfait. Un visage parfait. Une situation sociale parfaite. En clair, un bon pedigree. Or, l’homme devait lui… était loin d’être comme cela.
Tout d’abord, il était un simple barman. Il le savait puisqu’il avait passé la soirée d’hier à flirter avec lui. Son visage était somme toute banal et… son corps était juste le corps d’un homme d’une quarantaine d’années qui essayait de se maintenir en forme mais qui se relâchait un peu. Il avait des rondeurs là où il fallait et qui était forts appétissantes. Il se revoyait les embrasser. Les empoigner et les caresser avec gourmandise. Il avait pris plaisir à faire l’amour à cet homme. Il n’irait pas jusqu’à dire que c’était différent, mais il avait appris d’une certaine manière que c’était bien loin d’être désagréable. C’était en fait tout le contraire.
— Je ne sais pas à quoi vous pensez Alpha, mais cela doit être important, lui dit l’homme.
Les lèvres de Riordan s’étirèrent dans un léger sourire et bon sans, cela lui donnait envie de l’embrasser à nouveau. Chose qu’il ne faisait jamais.
— Je sais. Vous êtes assez connu dans les environs, répondit l’homme.
Cela ne le surprit aucunement. Tout le monde connaissait l’histoire de l’alpha qui avait quitté sa meute et l’avait laissé à son oncle. Sauf que personne n’en connaissait la raison. Enfin la véritable raison.
— Benjamin, s’écria d’un coup Riordan. C’est votre prénom.
— Je suis étonné que vous sachiez encore mon prénom. De ce que j’ai entendu, c’est rarement le cas.
Merci de me le rappeler. Je passe pour un connard maintenant, pensa Riordan.
— Peut-être que je ne me souviens uniquement du nom de ceux qui me donnent du plaisir, fini par répondre Rio en entrant dans la cuisine pour se servir un mug de café.
Il en profita pour regarder Benjamin et un sourire apparu au coin de sa bouche en voyant la rougeur s’étendre sur le visage de l’homme. C’était vraiment mignon à voir. Puis il regarda Benjamin se désigner dans sa globalité.
— Je doute fortement d’avoir fait bonne impression et encore moins vous avoir donné du plaisir. Je n’ai pas vraiment le physique de l’emploi.
Masquant son sourire derrière son mug, Riordan pensa que c’était une étrange conversation pour un matin post-coïtal. Il devait même reconnaître que c’était plutôt plaisant. Il avait perdu cette habitude il y avait cent cinquante ans, cependant il pouvait vite y reprendre goût.
Surtout avec un partenaire comme Benjamin.
— Crois-moi que tu as été parfait cette nuit. Je ne m’attendais cependant pas à ce que tu me laisses des bleus et des griffures.
— Désolé, j’ai tendance à être passionné dans l’intimité d’un lit, répondit Benjamin toujours aussi rouge.
Riordan termina son café et pose son mug dans l’évier. Puis il s’approcha de l’homme, lui souleva le menton et plongea son regard dans le sien.
— Mais au moins, tu ne feint pas lorsque tu prends du plaisir. Et ça c’est plutôt agréable.
Benjamin allait répondre quand la bouche de Rio s’écrasa soudainement sur la sienne. Réduisant toutes tentatives de discussion à néant. Puis tout contre ses lèvres, Rio lui dit :
— Tu auras juste à fermer la porte derrière toi quand tu partiras.
Il se détourna et quitta sa maison un sourire aux lèvres.
Il ne doutait pas une seconde de revoir le charmant barman. Et pourquoi ne pas tenter de faire un bout de chemin avec lui.
***
— Dis-moi que tu comptes revoir le magnifique spécimen masculin qui vient de quitter ta maison ?
Riordan leva les yeux au ciel. Il c’était attendu à cette question dès l’instant où il avait entendu la porte s’ouvrir dans son dos. Sylvie connaissait toute sa vie sexuelle et il venait à se demander si elle ne vivait pas de temps en temps la sienne à travers lui. Ce qui était fort possible. Il fallait dire qu’ils étaient devenus inséparables depuis leur rencontre cent trente ans plus tôt. Elle était entrée dans sa vie tel un ouragan pour ne plus jamais en ressortir. Il devait reconnaître que grâce à elle, il avait évité de commettre l’irréparable. Et pour cela, il lui en serait éternellement reconnaissant.
— C’est fort possible, lui répondit Riordan alors qu’il avait les mains dans la pâte à tarte.
Le bruit de sac que l’on pose sur le comptoir se fit entendre.
— Comment ça c’est fort possible ? Il n’y a pas de fort possible. Il est canon, bon sang. Différent de ce que tu as l’habitude de ramener chez toi, mais sacrément beau.
Rio tourna la tête et la regarda longuement. Elle aurait fait une parfaite compagne pour lui s’il ne ressentait pas pour Sylvie cette profonde amitié. Voire ce sentiment fraternel. Mais deux ans plus tôt, elle avait rencontré l’humain qui lui faisait battre le cœur et avec qui elle comptait se marier et fonder une famille.
Depuis que les loups-garous avaient révélé leur existence aux êtres humains des décennies plus tôt, ils n’étaient que partiellement accepter. Cela ne dérangeait pas les humains de vivre leur vie proche de celle des métamorphes. Que ce soit les hommes ou les femmes, ils aimaient frayer avec eux, mais il était hors de question qu’un loup-garou mâle mette enceinte une humaine, tout comme c’était la même chose entre un homme et une louve. Mais visiblement, cela ne gênait aucunement Mika le compagnon de Sylvie de lui faire des enfants.
— Je verrais où le vent nous portera. Même si je le connais car je vais en boîte de nuit presque tous les week-ends, il est hors de question de précipiter les choses.
Il la regarda s’approcher de lui.
— Tu as le droit au bonheur, Riordan. Non, tu mérites le bonheur. Surtout après tout ce que tu as fait au cours de ces dernières décennies.
— Je ne fais que mon travail, lui dit-il en souriant doucement.
Elle le frappa sur le bras.
—Tu fais bien plus que cela et tu le sais aussi bien que moi. Même si c’est ton oncle qui dirige la meute, tout le monde sait que tu es le véritable alpha. Tu continues de t’occuper de nous. Tu veilles à ce que personne ne manque de rien et tu demandes des nouvelles de tout le monde.
Riordan étala la pâte à tarte avant de la placer dans le plat et d’y ajouter la compote de pommes et les tranches de pomme coupées. Elle avait terriblement raison, mais il refusait de le lui dire. C’était un fait qu’il demandait toujours des nouvelles de chaque membre de la meute. Cependant c’était tout à fait normal, puisqu’il était le fils de l’ancien alpha mort dans un accident de voiture avec son épouse.
Son père lui avait toujours appris que s’il refusait son statut d’alpha, il pouvait toujours rester dans la meute. Malheureusement, le destin en avait décidé autrement et il avait été contraint, non pas par gaieté de cœur de quitter celle-ci et de s’installer le plus loin possible des terres de la meute du Rocher Noir. Mais cela ne l’empêchait aucunement de demander des nouvelles pour savoir comment celle-ci continuait son chemin.
— Je ne reviendrais pas, Sylvie. Je ne pourrais pas remettre les pieds dans la meute tant qu’ils seront là. Tu n’étais pas présente quand cela c’est passé. Tu…
Il fut coupé dans sa diatribe quand les doigts de Sylvie se posèrent sur ses lèvres.
– Je le sais, mon cœur. N’oublie pas que lorsque je t’ai rencontré, tu étais presque devenu un animal sauvage. Á la limite de la folie.
Riordan grimaça face à ces paroles. Car c’était la stricte vérité. Son loup avait complètement pété un plomb au point de prendre entièrement le contrôle sur son côté humain. Il était devenu comme fou. Ne laissant personne ‘approcher de lui. Á plusieurs reprises, il avait été à la limite de tuer des êtres humains pour calmer la douleur qui le ravageait. Mais au final, une partie de sa conscience humaine l’en avait empêché.
— Je ne souhaite pas revivre cela. Je suis tout aussi bien comme cela. Un coup d’un soir par semaine où week-end c’est selon, c’est entièrement suffisant.
Il éclata de rire lorsqu’il vit la moue de Sylvie. Si cela ne tenait qu’à elle, elle l’aurait déjà casé avec toutes les louves ou les loups disponible dans la meute. Et de se qu’il savait, il y en avait pas mal. Certains cherchaient même un bel alpha avec qui vivre jusqu’à la mort.
— S’il y a vraiment quelqu’un pour moi, alors il finira bien par montrer le bout de son joli museau, Sylvie.
— Et comment qu’il y a quelqu’un pour toi. Et se serait encore mieux si c’était ta véritable âme sœur, lui dit-elle avec un petit sourire.
— Oh mon Dieu ! Ne me dis pas que tu crois encore à cette… légende ? lui dit-il en mettant le plat dans le four.
Elle fit claquer sa langue contre son palais.
— Et comment que j’y crois. Même si tout le monde pense que c’est une légende, je suis sûr que les âmes sœurs existent et que la tienne n’est pas loin. Qu’elle est proche et qu’elle n’attend que toi.
— Oui. Oui. En attendant, si on allait vérifier que tout soit prêt pour l’arrivée des clients. Parce que si mon souvenir est bon, ils ne devraient pas tarder à arriver.
— Oui, chef. Á vos ordres chef, dit-elle en le saluant façon militaire avant d’éclater de rire.
Il fit claquer le torchon sur son derrière alors qu’elle quittait la cuisine et éclata de rire quand elle répondit par un petit couinement.
Qu’il adorait cette femme.