— Je me demande ce que je fous ici, s’écria Faelinn au téléphone. Franchement, je me le demande.
Un rire masculin résonna à l’autre bout du téléphone.
— Je le sais. Mais il a expressément demandé que ce soit toi qui vienne. Et autant dire la vérité, tu as un putain de coup de crayon.
Faelinn grimaça avant de regarder la chambre d’hôtel dans laquelle il était depuis deux jours. Il savait qu’il était doué en dessin, mais il ‘était loin d’être aussi parfait que son modèle. De plus, il avait tout fait son possible pour mettre son talent de dessinateur au profit de tatoueurs. C’était pour cela qu’il travaillait depuis sept ans chez Gothik Ink, le salon de tatouage de Douglas. Bien sûr, il lui arrivait aussi par moments de voyager à travers le pays mais également à l’étranger. Tout le monde voulait une création de Faelinn Linn Gorman.
Le dessinateur aux doigts d’or.
Malheureusement, personne ne savait les durs sacrifices qu’il avait dû faire pour être celui qu’il était à l'heure actuelle. La plupart des gens pensaient que tout lui était tombé tout cuit dans la bouche. Or, ce n’était pas le cas. Les omégas étaient encore aujourd’hui considérés comme des êtres faibles. Incapable de travailler et de n’être que des incubateurs sur pattes. Á attendre que leurs compagnons rentrent à la maison. Maison qui serait nettoyée du sol au plafond et la nourriture en train de mijoter sur le feu.
Des êtres uniquement faits pour finir sur le dos. Les cuisses écartées afin de satisfaire les pulsions de l’Alpha qui les avaient marqués ou d’un alpha croisé en cours de route pour éteindre le feu de ses chaleurs.
Tout ça à cause de ses foutues castes qui géraient leur vie. Les alphas. Les bêtas et les insignifiants omégas. Et c’était une chose qu’il avait refusée.
Il avait de lui-même prit son destin en main et cela n’avait pas été facile. Loin de là même. Il était l’un des rares omégas à être… libre.
Il avait quitté sa meute cent cinquante ans plus tôt. Enfin… quitter était un bien grand mot. Il avait été dans l’obligation de fuir celle-ci quand son alpha avait tenté de le prendre de force et de le lier à lui. Chose qu’il avait toujours refusée depuis ses premières chaleurs et qu’il était sexuellement actif à l’âge de quinze ans. Il avait toujours refusé le lien parce qu’il était persuadé que sa véritable âme sœur était quelque part. Même si les âmes sœurs n’étaient qu’une légende. Car peu de couples alphas/oméga étaient liés par le lien d’âme sœur. La plupart des omégas ne l’étaient avec leurs alphas parce que celui-ci les avait mordus alors qu’ils couchaient ensemble au plus fort des chaleurs.
Ce que la plupart des personnes savaient, c’était que les alphas cherchaient souvent des omégas pour s’accoupler avec eux pour la simple et bonne raison que contrairement à une louve, ils pouvaient donner naissance soit à des alphas, soit des bêtas soit des omégas. Les louves ne donnaient naissances qu’à des gammas. Des scientifiques avaient cherché à comprendre ce phénomène, mais ils n’avaient rien trouvé. Peut-être que c’était dû aux grands nombres de fausses couches parmi les omégas. Ou la rivalité entre louves et omégas.
Au final c’était une énigme.
Voilà pourquoi il avait décidé de lui-même quand il avait envie de baiser lors de ses chaleurs. Bien sûr, au bout d’un moment, la pression était tellement forte qu’il devait se faire prendre au plus vite. Il lui arrivait parfois d’avoir plusieurs partenaires au cours de la nuit. Voire il participait à des orgies. Même s’il prenait la pilule après les actes, il demandait toujours à ce que ses partenaires portent des préservatifs. Une grossesse non désirée ce n’était pas pour lui. Malheureusement, le plaisir n’était pas le même. Il n’y avait pas le contact de la chair brûlante contre de la chair brûlante.
Dans ces moments-là, la chose qu’il détestait le plus, c’était quand ses partenaires jouissaient dans sa bouche. Autant le sperme d’un être humain avait un assez bon goût, autant celui d’un métamorphe était dégueulasse. Il était très amer et avait un goût de terre et de fer. Et à chaque fois, il se retrouvait au-dessus des toilettes pour vomir.
Depuis, il avait toujours une bouteille de soda avec lui.
— Je ne sais pas où tu es parti, Faelinn, mais j’aimerais bien que tu reviennes.
— Désolé ! Je réfléchissais mentit-il.
— Et… Tu réfléchissais à ?
Faelinn se passa une main sur le visage.
— Que j’avais peut-être un bon coup de crayon, mais que je n’étais pas un dessinateur de fresque murale. Je suis un dessinateur de tatouage. Bordel !
Nouveau rire de Douglas.
— Tu es diplômé en art plastique, Faelinn. Tu es autant capable de dessiner des tatouages que de faire une fresque murale.
— Rappelle-moi combien il t’a payé pour que tu me lâches dans cette foutue ville perdue dans le trou du cul du monde ? lui dit Faelinn.
— Un demi-million !
Il soupira. Quel est l’abruti qui était prêt à payer un demi-million pour une satanée fresque ?
— Je sais que c’est très difficile pour toi de retourner dans une meute.
— C’est peu de le dire, le coupa Faelinn.
— Même si le salon fonctionne du tonnerre, cette somme me permettra d’agrandir de nouveau le salon et surtout, surtout de pouvoir te faire ton atelier de dessin et la salle pour exposer tous les tatouages que tu as faits.
Faelinn redressa la tête pour regarder dehors avant de répondre :
— Douglas, non. Il n’en est pas question. Je n’ai pas besoin que tu me fasses un atelier. Je suis très bien installé parmi vous dans le salon.
Un long silence se fit entendre au téléphone et Faelinn l’écarta de son oreille pour s’assurer que Douglas était toujours en ligne.
— Doug ? demanda Faelinn d’une toute petite voix.
—Tu te rends compte que tu le mérites, Linn ? C’est grâce à ton talent que Gothik Ink est de nouveau sur les rails. Sans toi, j’aurais fermé boutique depuis longtemps. Alors ne refuse pas cela s’il te plaît.
Faelinn se mordilla la lèvre inférieure. Il était toujours aussi gêné quand Douglas lui parlait de cela.
Il y avait sept ans que Doug et lui se connaissait. Ils c’étaient rencontrer lors d’une convention de tatouages à Paris où les plus grands tatoueurs étaient présents. Lui-même venait de terminer, enfin venait tout juste d’être diplômé en art plastique après de longs cours du soir qui l’avaient pratiquement ruiné C’était grâce à son travail dans la journée qu’il avait réussie à ce les payés. Avec l’argent restant, il c’était pris un petit stand pour la convention et c’était retrouver juste à côté de celui de Douglas. Ils avaient tous les deux cartonnés et avaient admiré le travail de l’autre. Á la fin, ils avaient longuement discuté et Doug l’avait pris à l’essai pour deux mois. Ni une, ni deux, il avait utilisé ses dernières économies pour un biller d’avion direction les USA.
C’était au cours de se laps de temps que Faelinn avait découvert le pot aux roses. Gothik Ink était en grande difficulté. La petite amie de Doug était partie avec les deux caisses, avait vidé le compte commun mais également avec les trois autres tatoueurs qui bossaient pour eux.
Doug avait tenté de lui-même de mettre à jour les rendez-vous, mais cela avait mis trop de temps. Les clients avaient commencé à déserter le salon. Il avait dû se rabattre à faire des petits tatouages. Á trente ou quarante dollars pièce. Faelinn avait dépassé ses deux mois et l’aidait en dessinant. Puis le bouche-à-oreille avait fait revenir la clientèle ainsi que d’autres tatoueurs qui avaient été charmé par la qualité des dessins qu’il faisait. Moins de deux ans après leur rencontre, Gothik Ink avait retrouvé ses lettres de noblesse et Doug avait engagé quatre nouveaux tatoueurs pour le salon.
Et lui… il était resté. Mais cela ne l’empêchait pas de voyager parce que d’autres salons voulaient une de ses créations. Sauf qu’aucune personne ne savait que sa plus belle création qu’il avait faite, se trouvait tatouer sur toute la surface de son dos. Il avait reproduit la magnifique tête de loup blanc que son peintre préféré avait peint et l’avait accouplé avec une forêt. Le rendu était juste magnifique.
C’était Doug qui l’avait tatoué.
— Tu sais que je finirais par te rembourser, marmonna Faelinn.
— Dans tes rêves, joli oméga. Dans tes rêves.
Ils éclatèrent tous les deux de rire et Faelinn fut heureux d’avoir un ami humain de surcroit comme Doug malgré son statut d’oméga. Chose qui n’avait pas dérangé son ami quand il lui avait avoué être un loup-garou. La seule chose que Doug lui avait demandé, c’était de le prévenir quand il devrait virer poilu, quand il aurait besoin de sexe et qu’il ne le mange pas. Il risquait une bonne crise de foie.
— Aller, je te laisse ma beauté à poils. Demain j’ai une convention et je ne veux pas la louper.
Faelinn sourit.
— Bonne convention, beau gosse. Présente leurs mes excuses de ne pas pouvoir venir.
— Je n’y manquerais pas. Bonne nuit.
— Bonne nuit Doug.
Puis ils raccrochèrent.
***
Faelinn venait de sortir de la salle de bain quand une sensation naquit au creux de son ventre. Le prenant totalement par surprise. Écartant la serviette qu’il utilisait pour sécher sa longue chevelure noire, il parcourut toute la chambre du regard. Paniquant un peu face à cela, il se précipita vers sa trousse de toilette et regarda les stylos à injection qui servait à calmer ses chaleurs. Il les compta et tout était normal. Il avait pris son injection en temps et en heure et surtout la bonne dose. Donc cela ne venait pas de ses phéromones.
C’était autre chose.
Ne comprenant pas trop ce qui lui arrivait, il se laissa lourdement tomber sur le bord du lit. Qu’elle était donc cette délicieuse sensation ? Elle était tellement plus agréable que ses chaleurs. C’était comme la caresse des ailes d’un papillon. Comme les doigts d’une mère pour apaiser son enfant. Comme celle d’un amant sur la peau brûlante de son partenaire.
C’était vraiment quelque chose de magique.
Sauf que cela ne lui disait pas ce qui était le responsable. Sans attendre, il enfila rapidement un pantalon, un pull col roulé et ses chaussures avant de ce précipité vers la porte de la chambre. Il l’ouvrit rapidement avant de se figer sur place, le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine.
— Putain ! Dites-moi que c’est une blague ? s’écria l’homme visiblement à deux doigts d’exploser.
Faelinn écarquilla les yeux de surprise sous le ton agressif de l’homme devant lui. Apparemment, il ne voulait pas être ici et il le gênait. Le plus inquiétant était la sensation dans son ventre qui venait détendre ses tentacules dans tout son être.
Cet homme en était le responsable.
— Je vous demande pardon ? demanda Faelinn en faisait un pas en arrière.
— Vous êtes un oméga, constata l’homme en le fixant.
— Oui, répondit Faelinn en croisant ses bras sur son torse. Et vous, un alpha.
Et de ce qu’il pouvait sentir, un Véritable Alpha. Il déglutit soudain avec difficulté en croisant le regard changé de haine du magnifique métamorphe alpha.
— Foutu karma. Je suis maudi, dit-il.
Faelinn haussa un sourcil.
— Je ne sais pas ce que votre karma vient faire dans cette histoire, mais si vous pouvez vous écarter, ça m’arrangerait beaucoup. Je n’ai pas que ça à faire.
En faite, il n’aurait qu’une envie : c’était se glisser dans son lit et dormir. Voire carrément retourner auprès de Douglas. Dans la sécurité de leur duplex. Parce qu’il doutait de ce voyage et n’était pas rassuré. Et malgré qu’il ait appris à se défendre, il avait un peu la trouille.
Malheureusement, sa demande restait vaine. L’homme ne s’écarta pas d’un pouce. Bien au contraire. Il restait parfaitement immobile. Oh ! Il aimerait bien pousser, mais vu sa taille, il n’arriverait même pas à le faire lever le pied.
— Dois-je répéter ce que je viens de demander ? dit Faelinn en perdant doucement patience.
— Etes-vous Faelinn Gorman ? renchérit abruptement l’espèce d’armoire à glace sexy.
— Que lui voulez-vous ? répondit Faelinn avec méfiance.
Il fut satisfait en voyant un muscle tressauter sur la mâchoire de son interlocuteur.
— L’alpha de la meute du Rocher Noir m’a demandé de venir chercher Faelinn Gorman.
Le jeune oméga tiqua aux paroles de l’homme.
— Vous n’êtes pas l’alpha de là…
Faelinn ne pu en dire davantage quand il vit l’éclat assassin briller dans les prunelles bleues marine. Mais voilà. Malgré la peur qu’il ressentait, il était aussi une véritable tête de mule. Et cet homme allait vite l’apprendre. Enfin il l’espérait.
— Et vous êtes ? Non parce que ma maman m’a toujours dit de ne jamais parler avec des inconnus et encore moins de les suivre. Donc si vous voulez bien m’excuser, reprit sarcastiquement Faelinn en tentant de fermer la porte au nez de l’homme sexy.
— Vous plaisantez, j’espère ? renchérit l’homme.
Faelinn haussa un sourcil.
— Vous croyez ?
Il frappa la large poitrine de sa main.
— Vous débarquez ici comme un cheveu sur la soupe. Vous me dites que je dois vous suivre sans rien dire et vous n’avez même pas décliné votre identité.
Bon sang ! Cela sortait d’où, pensa Faelinn. Il serait peut-être temps qu’il arrête de regarder des séries policières à la télé.
— Je ne vais pas y aller par quatre chemins, lui dit l’homme. Je viens de faire une demi-heure de route pour venir vous chercher. Alors soit vous venez avec moi, soit je repars en sens inverse et vous vous débrouillerez pour ce qui arrivera par la suite.
Faelinn le regarda longuement. Oh ! Donc Monsieur le prenait comme ça. Parfait.
— Allé vous faire foutre.
Puis le jeune oméga profita de la surprise de l’homme pour le repousser et lui claquer la porte au nez.
Un rire masculin résonna à l’autre bout du téléphone.
— Je le sais. Mais il a expressément demandé que ce soit toi qui vienne. Et autant dire la vérité, tu as un putain de coup de crayon.
Faelinn grimaça avant de regarder la chambre d’hôtel dans laquelle il était depuis deux jours. Il savait qu’il était doué en dessin, mais il ‘était loin d’être aussi parfait que son modèle. De plus, il avait tout fait son possible pour mettre son talent de dessinateur au profit de tatoueurs. C’était pour cela qu’il travaillait depuis sept ans chez Gothik Ink, le salon de tatouage de Douglas. Bien sûr, il lui arrivait aussi par moments de voyager à travers le pays mais également à l’étranger. Tout le monde voulait une création de Faelinn Linn Gorman.
Le dessinateur aux doigts d’or.
Malheureusement, personne ne savait les durs sacrifices qu’il avait dû faire pour être celui qu’il était à l'heure actuelle. La plupart des gens pensaient que tout lui était tombé tout cuit dans la bouche. Or, ce n’était pas le cas. Les omégas étaient encore aujourd’hui considérés comme des êtres faibles. Incapable de travailler et de n’être que des incubateurs sur pattes. Á attendre que leurs compagnons rentrent à la maison. Maison qui serait nettoyée du sol au plafond et la nourriture en train de mijoter sur le feu.
Des êtres uniquement faits pour finir sur le dos. Les cuisses écartées afin de satisfaire les pulsions de l’Alpha qui les avaient marqués ou d’un alpha croisé en cours de route pour éteindre le feu de ses chaleurs.
Tout ça à cause de ses foutues castes qui géraient leur vie. Les alphas. Les bêtas et les insignifiants omégas. Et c’était une chose qu’il avait refusée.
Il avait de lui-même prit son destin en main et cela n’avait pas été facile. Loin de là même. Il était l’un des rares omégas à être… libre.
Il avait quitté sa meute cent cinquante ans plus tôt. Enfin… quitter était un bien grand mot. Il avait été dans l’obligation de fuir celle-ci quand son alpha avait tenté de le prendre de force et de le lier à lui. Chose qu’il avait toujours refusée depuis ses premières chaleurs et qu’il était sexuellement actif à l’âge de quinze ans. Il avait toujours refusé le lien parce qu’il était persuadé que sa véritable âme sœur était quelque part. Même si les âmes sœurs n’étaient qu’une légende. Car peu de couples alphas/oméga étaient liés par le lien d’âme sœur. La plupart des omégas ne l’étaient avec leurs alphas parce que celui-ci les avait mordus alors qu’ils couchaient ensemble au plus fort des chaleurs.
Ce que la plupart des personnes savaient, c’était que les alphas cherchaient souvent des omégas pour s’accoupler avec eux pour la simple et bonne raison que contrairement à une louve, ils pouvaient donner naissance soit à des alphas, soit des bêtas soit des omégas. Les louves ne donnaient naissances qu’à des gammas. Des scientifiques avaient cherché à comprendre ce phénomène, mais ils n’avaient rien trouvé. Peut-être que c’était dû aux grands nombres de fausses couches parmi les omégas. Ou la rivalité entre louves et omégas.
Au final c’était une énigme.
Voilà pourquoi il avait décidé de lui-même quand il avait envie de baiser lors de ses chaleurs. Bien sûr, au bout d’un moment, la pression était tellement forte qu’il devait se faire prendre au plus vite. Il lui arrivait parfois d’avoir plusieurs partenaires au cours de la nuit. Voire il participait à des orgies. Même s’il prenait la pilule après les actes, il demandait toujours à ce que ses partenaires portent des préservatifs. Une grossesse non désirée ce n’était pas pour lui. Malheureusement, le plaisir n’était pas le même. Il n’y avait pas le contact de la chair brûlante contre de la chair brûlante.
Dans ces moments-là, la chose qu’il détestait le plus, c’était quand ses partenaires jouissaient dans sa bouche. Autant le sperme d’un être humain avait un assez bon goût, autant celui d’un métamorphe était dégueulasse. Il était très amer et avait un goût de terre et de fer. Et à chaque fois, il se retrouvait au-dessus des toilettes pour vomir.
Depuis, il avait toujours une bouteille de soda avec lui.
— Je ne sais pas où tu es parti, Faelinn, mais j’aimerais bien que tu reviennes.
— Désolé ! Je réfléchissais mentit-il.
— Et… Tu réfléchissais à ?
Faelinn se passa une main sur le visage.
— Que j’avais peut-être un bon coup de crayon, mais que je n’étais pas un dessinateur de fresque murale. Je suis un dessinateur de tatouage. Bordel !
Nouveau rire de Douglas.
— Tu es diplômé en art plastique, Faelinn. Tu es autant capable de dessiner des tatouages que de faire une fresque murale.
— Rappelle-moi combien il t’a payé pour que tu me lâches dans cette foutue ville perdue dans le trou du cul du monde ? lui dit Faelinn.
— Un demi-million !
Il soupira. Quel est l’abruti qui était prêt à payer un demi-million pour une satanée fresque ?
— Je sais que c’est très difficile pour toi de retourner dans une meute.
— C’est peu de le dire, le coupa Faelinn.
— Même si le salon fonctionne du tonnerre, cette somme me permettra d’agrandir de nouveau le salon et surtout, surtout de pouvoir te faire ton atelier de dessin et la salle pour exposer tous les tatouages que tu as faits.
Faelinn redressa la tête pour regarder dehors avant de répondre :
— Douglas, non. Il n’en est pas question. Je n’ai pas besoin que tu me fasses un atelier. Je suis très bien installé parmi vous dans le salon.
Un long silence se fit entendre au téléphone et Faelinn l’écarta de son oreille pour s’assurer que Douglas était toujours en ligne.
— Doug ? demanda Faelinn d’une toute petite voix.
—Tu te rends compte que tu le mérites, Linn ? C’est grâce à ton talent que Gothik Ink est de nouveau sur les rails. Sans toi, j’aurais fermé boutique depuis longtemps. Alors ne refuse pas cela s’il te plaît.
Faelinn se mordilla la lèvre inférieure. Il était toujours aussi gêné quand Douglas lui parlait de cela.
Il y avait sept ans que Doug et lui se connaissait. Ils c’étaient rencontrer lors d’une convention de tatouages à Paris où les plus grands tatoueurs étaient présents. Lui-même venait de terminer, enfin venait tout juste d’être diplômé en art plastique après de longs cours du soir qui l’avaient pratiquement ruiné C’était grâce à son travail dans la journée qu’il avait réussie à ce les payés. Avec l’argent restant, il c’était pris un petit stand pour la convention et c’était retrouver juste à côté de celui de Douglas. Ils avaient tous les deux cartonnés et avaient admiré le travail de l’autre. Á la fin, ils avaient longuement discuté et Doug l’avait pris à l’essai pour deux mois. Ni une, ni deux, il avait utilisé ses dernières économies pour un biller d’avion direction les USA.
C’était au cours de se laps de temps que Faelinn avait découvert le pot aux roses. Gothik Ink était en grande difficulté. La petite amie de Doug était partie avec les deux caisses, avait vidé le compte commun mais également avec les trois autres tatoueurs qui bossaient pour eux.
Doug avait tenté de lui-même de mettre à jour les rendez-vous, mais cela avait mis trop de temps. Les clients avaient commencé à déserter le salon. Il avait dû se rabattre à faire des petits tatouages. Á trente ou quarante dollars pièce. Faelinn avait dépassé ses deux mois et l’aidait en dessinant. Puis le bouche-à-oreille avait fait revenir la clientèle ainsi que d’autres tatoueurs qui avaient été charmé par la qualité des dessins qu’il faisait. Moins de deux ans après leur rencontre, Gothik Ink avait retrouvé ses lettres de noblesse et Doug avait engagé quatre nouveaux tatoueurs pour le salon.
Et lui… il était resté. Mais cela ne l’empêchait pas de voyager parce que d’autres salons voulaient une de ses créations. Sauf qu’aucune personne ne savait que sa plus belle création qu’il avait faite, se trouvait tatouer sur toute la surface de son dos. Il avait reproduit la magnifique tête de loup blanc que son peintre préféré avait peint et l’avait accouplé avec une forêt. Le rendu était juste magnifique.
C’était Doug qui l’avait tatoué.
— Tu sais que je finirais par te rembourser, marmonna Faelinn.
— Dans tes rêves, joli oméga. Dans tes rêves.
Ils éclatèrent tous les deux de rire et Faelinn fut heureux d’avoir un ami humain de surcroit comme Doug malgré son statut d’oméga. Chose qui n’avait pas dérangé son ami quand il lui avait avoué être un loup-garou. La seule chose que Doug lui avait demandé, c’était de le prévenir quand il devrait virer poilu, quand il aurait besoin de sexe et qu’il ne le mange pas. Il risquait une bonne crise de foie.
— Aller, je te laisse ma beauté à poils. Demain j’ai une convention et je ne veux pas la louper.
Faelinn sourit.
— Bonne convention, beau gosse. Présente leurs mes excuses de ne pas pouvoir venir.
— Je n’y manquerais pas. Bonne nuit.
— Bonne nuit Doug.
Puis ils raccrochèrent.
***
Faelinn venait de sortir de la salle de bain quand une sensation naquit au creux de son ventre. Le prenant totalement par surprise. Écartant la serviette qu’il utilisait pour sécher sa longue chevelure noire, il parcourut toute la chambre du regard. Paniquant un peu face à cela, il se précipita vers sa trousse de toilette et regarda les stylos à injection qui servait à calmer ses chaleurs. Il les compta et tout était normal. Il avait pris son injection en temps et en heure et surtout la bonne dose. Donc cela ne venait pas de ses phéromones.
C’était autre chose.
Ne comprenant pas trop ce qui lui arrivait, il se laissa lourdement tomber sur le bord du lit. Qu’elle était donc cette délicieuse sensation ? Elle était tellement plus agréable que ses chaleurs. C’était comme la caresse des ailes d’un papillon. Comme les doigts d’une mère pour apaiser son enfant. Comme celle d’un amant sur la peau brûlante de son partenaire.
C’était vraiment quelque chose de magique.
Sauf que cela ne lui disait pas ce qui était le responsable. Sans attendre, il enfila rapidement un pantalon, un pull col roulé et ses chaussures avant de ce précipité vers la porte de la chambre. Il l’ouvrit rapidement avant de se figer sur place, le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine.
— Putain ! Dites-moi que c’est une blague ? s’écria l’homme visiblement à deux doigts d’exploser.
Faelinn écarquilla les yeux de surprise sous le ton agressif de l’homme devant lui. Apparemment, il ne voulait pas être ici et il le gênait. Le plus inquiétant était la sensation dans son ventre qui venait détendre ses tentacules dans tout son être.
Cet homme en était le responsable.
— Je vous demande pardon ? demanda Faelinn en faisait un pas en arrière.
— Vous êtes un oméga, constata l’homme en le fixant.
— Oui, répondit Faelinn en croisant ses bras sur son torse. Et vous, un alpha.
Et de ce qu’il pouvait sentir, un Véritable Alpha. Il déglutit soudain avec difficulté en croisant le regard changé de haine du magnifique métamorphe alpha.
— Foutu karma. Je suis maudi, dit-il.
Faelinn haussa un sourcil.
— Je ne sais pas ce que votre karma vient faire dans cette histoire, mais si vous pouvez vous écarter, ça m’arrangerait beaucoup. Je n’ai pas que ça à faire.
En faite, il n’aurait qu’une envie : c’était se glisser dans son lit et dormir. Voire carrément retourner auprès de Douglas. Dans la sécurité de leur duplex. Parce qu’il doutait de ce voyage et n’était pas rassuré. Et malgré qu’il ait appris à se défendre, il avait un peu la trouille.
Malheureusement, sa demande restait vaine. L’homme ne s’écarta pas d’un pouce. Bien au contraire. Il restait parfaitement immobile. Oh ! Il aimerait bien pousser, mais vu sa taille, il n’arriverait même pas à le faire lever le pied.
— Dois-je répéter ce que je viens de demander ? dit Faelinn en perdant doucement patience.
— Etes-vous Faelinn Gorman ? renchérit abruptement l’espèce d’armoire à glace sexy.
— Que lui voulez-vous ? répondit Faelinn avec méfiance.
Il fut satisfait en voyant un muscle tressauter sur la mâchoire de son interlocuteur.
— L’alpha de la meute du Rocher Noir m’a demandé de venir chercher Faelinn Gorman.
Le jeune oméga tiqua aux paroles de l’homme.
— Vous n’êtes pas l’alpha de là…
Faelinn ne pu en dire davantage quand il vit l’éclat assassin briller dans les prunelles bleues marine. Mais voilà. Malgré la peur qu’il ressentait, il était aussi une véritable tête de mule. Et cet homme allait vite l’apprendre. Enfin il l’espérait.
— Et vous êtes ? Non parce que ma maman m’a toujours dit de ne jamais parler avec des inconnus et encore moins de les suivre. Donc si vous voulez bien m’excuser, reprit sarcastiquement Faelinn en tentant de fermer la porte au nez de l’homme sexy.
— Vous plaisantez, j’espère ? renchérit l’homme.
Faelinn haussa un sourcil.
— Vous croyez ?
Il frappa la large poitrine de sa main.
— Vous débarquez ici comme un cheveu sur la soupe. Vous me dites que je dois vous suivre sans rien dire et vous n’avez même pas décliné votre identité.
Bon sang ! Cela sortait d’où, pensa Faelinn. Il serait peut-être temps qu’il arrête de regarder des séries policières à la télé.
— Je ne vais pas y aller par quatre chemins, lui dit l’homme. Je viens de faire une demi-heure de route pour venir vous chercher. Alors soit vous venez avec moi, soit je repars en sens inverse et vous vous débrouillerez pour ce qui arrivera par la suite.
Faelinn le regarda longuement. Oh ! Donc Monsieur le prenait comme ça. Parfait.
— Allé vous faire foutre.
Puis le jeune oméga profita de la surprise de l’homme pour le repousser et lui claquer la porte au nez.