Quoi, c'est la vérité en plus. D'aussi loin que je m'en souvienne, je n'ai jamais été attiré par les filles. Déjà à la puberté, je fantasmais sur le capitaine de l'équipe de football du lycée. J'avais même réussi à avoir une photo de lui et je passais mes soirées en solitaire à me masturber devant sa photo. Bref.
Je ne peux pas dire que je montre quoi que se soit sur le faite que je sois gay. Je suis plutôt grand. Large d'épaules. Des hanches étroites. Je suis plutôt beau garçon, alors je ne voyais pas ce qui les avait convaincus que j'étais gay.
J'osais un coup d'œil derrière moi et commençais à blanchir quand je vis que quatre des hommes gagnaient du terrain. J'allais tourner quand je fus brutalement percuté. Sans savoir comment, je me retrouvais au sol, un bras me ceinturant la taille pour me maintenir en place avant la voler de coups qui se mirent à pleuvoir sur moi. J'essayais de m'échapper, mais à quoi bon alors que je perdais doucement connaissance.
Je n'entendis qu'à peine les cris et des voix qui demandaient à ce que l'on me lâche. Je voulais me retourner, mais... mon corps s’était mis à protester.
C'est en sentant une main à l'arrière de ma tête que je me permis de sombrer totalement.
***
Je suis là. Debout devant la fenêtre de ma chambre d'hôpital. Je suis ici depuis un peu plus d'une semaine. Visiblement l'agression dont j'avais été la victime, m'avais laissé quelque... séquelles. Et pas des moindres. Je ne savais plus qui j'étais. Enfin si, je connaissais encore mon prénom : Julien Dubreuil. Mon âge : 29 ans et c'était tout. Le reste... c'était nada. Je savais en tout cas que j'étais gay vu les réactions qu'avait mon corps quand je voyais le gentil infirmier qui venait me soigner et prendre de mes nouvelles.
J'aurais aimé en savoir plus sur moi. Qui j’étais vraiment ? Ce que je faisais dans la vie. Est-ce que je j'avais un compagnon. Un chien. Un chat. Des enfants. Une vie de famille quoi. Mais rien. C'était le vide. Le néant pour moi. J'allais me détourner quand j'entendis la porte s'ouvrir doucement et je me figeais en voyant le reflet de la personne qui venait d'entrer dans la chambre stérile.
Je me considérais plutôt comme un beau gosse quand je voyais mon reflet dans le miroir, mais l'homme qui venait de pénétrer dans la pièce l'était au plus haut point. Je ne finis pas me détourner afin de planter mon regard dans le sien. Ce que je vis dans ses prunelles ressemblait véritablement à du soulagement. Connaissais-je cet homme ? Avais-je quelque chose à voir avec lui ? Probablement puisqu'il était ici devant moi.
J'allais prendre la parole, quand sa voix résonna dans la pièce. Me faisant frissonner d'un seul coup.
— Tu es bien vivant. Bon sang, tu m'as fait peur Julien me dit-il en franchissant la distance qui nous séparait pour me prendre dans ses bras.
Je restais un moment complètement interdit. Ne comprenant pas se qui se passait. Apparemment cet homme et moi entretenions une relation. Mais le sentiment qui brûlait dans mes veines, me disait le contraire. Il s’était passé quelque chose entre lui et moi.
— Je euh... peux savoir qui vous êtes ? dis-je en sortant de son étreinte et de le regarder dans les yeux.
— Tu... tu ne me reconnais pas ?
— Non. Je ne sais pas qui vous êtes.
Mensonge. Mon corps le reconnaissait. Il n'y avait qu'à voir la réaction qui déformait le devant de mon pantalon. Seule ma tête ne se souvenait pas. J'avais beau creuse dans mes souvenirs. D'essayer de lever le voile qui me barrer certaines parties, rien n'y faisait. C'était le noir total.
— Je suis Marc. Ton... compagnon.
Et là ce fut la douche froide. Il était mon compagnon. Il était mon compagnon et je n'avais aucun souvenir de lui. Voilà pourquoi mon corps le reconnaissait.
— Je... je ne sais pas quoi dire.
Je le vis se passer une main sur le visage. Je venais de la surprendre. Mais que pouvais-je y faire au final ? Rien. Je n'avais pas demandé à subir cette agression qui m'avait laissé dans cet état. Je n'avais pas demandé à perdre la mémoire. Et je n'avais pas demandé à l'oublier lui.
— Ce n'est pas grave, me dit-il. Je...
Ses doigts glissèrent dans la masse de ses cheveux noirs comme la nuit. Cheveux dans lesquelles j'aimerais bien y glisser mes propres doigts. Je secouais la tête. Qu'est-ce qui m'arrivait bon sang. Je n'avais aucune preuve que cet homme était soi-disant mon compagnon. Bon, ok. Il m'avait appelé Julien, mais quand même.
— Vous quoi ? Je suis désolé si je me montre brutal, mais hormis ce que vous me dites, je ne vous connais en rien. Vous auriez très bien pu me mentir.
Il releva son visage et me regarda les yeux écarquillés de surprise. Et merde ! Je ne m'attendais pas à le voir comme ça. Mais que pouvais-je dire d'autre ? Je n'allais quand même pas lui dire. Ok, puisque vous êtes mon compagnon, je vous suis là où vous irez. Un peu de réalisme. Il était peut-être un psychopathe et que je ne le savais même pas. J'allais dire, les psychopathes ne s'habillent pas aussi classe, mais on ne sait jamais.
— Je ne dirais pas le contraire. Et la dernière fois où nous nous sommes vu... notre rendez-vous à tourner très court.
Je haussais un sourcil. Oh, donc on se serait disputé tous les deux. C'était bon à savoir.
— Dans quel sens ? lui demandais-je en le regardant longuement.
— Dans le sens où je t'ai demandé de venir vivre avec moi et que tu as refusé. Tu es parti en colère et... regardes ce qui est arrivé.
J'écarquillais les yeux de surprise à mon tour. Avais-je vraiment refusé de vivre avec lui ? Quel genre d'homme étais-je pour refuser de vivre avec un homme comme ce Marc ? Il avait l'air de quelqu'un sur qui on pouvait se reposer. Sur qui on pouvait compter ? Et moi j'avais refusé cela.
— Pourquoi n'ai-je pas voulu vivre avec vous ? Vous m'avez l'air de quelqu'un de bien.
Et c'est là que je la vis. La lueur de peine dans son regard bleu clair.
— Parce que tu avais un autre homme dans ta vie. Et que c'est avec lui que tu voulais vivre. Tu disais qu'il était tout pour toi. Alors par amour, je t'ai laissé partir.
Et ce fut une seconde douche froide pour moi. Il venait de me donner le coup de grâce.
J'étais indéniablement un sombre connard.